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perdre leurs caractères distinctifs autrement que par des hymnes contractés hors de leurs sphères, et si aucune influence externe ou interne n’est apte à les transformer dans leurs parties essentielles ; si enfin elles possèdent d’une manière permanente, et ce point n’est plus douteux, leurs particularités physiques et morales, coupons court aux divagations frivoles, et proclamons le résultat, la conséquence rigoureuse et seule utile : fussent-elles nées d’un seul couple, les variétés humaines, éternellement distinctes, vivent sous la loi de la multiplicité des types, et leur unité primordiale ne saurait exercer et n’exerce pas sur leurs destinées la plus impondérable conséquence. C’est ainsi que, pour satisfaire dignement aux impérieux besoins d’une science parvenue à sa virilité, il faut savoir se borner et diriger ses recherches vers les buts abordables en répudiant le reste. Et maintenant, nous plaçant au centre du vrai domaine de la véritable histoire, de l’histoire sérieuse et non point fantastique, de l’histoire tissue de faits, et non pas d’illusions ou d’opinions, examinons, pour la dernière fois, par grandes masses, non point ce que nous croyons pouvoir être, mais ce que de science certaine nos yeux voient, nos oreilles entendent, nos mains touchent.

A une époque toute primordiale de la vie de l’espèce entière, époque qui précède les récits des plus lointaines annales, on découvre, en se plaçant en imagination sur les plateaux de l’Altaï, trois amas de peuples immenses, mouvants, composés chacun de différentes nuances, formés, dans les régions qui s’étendent à l’ouest autour de la montagne, par la race blanche ; au nord-est, par les hordes jaunes arrivant des terres américaines ; au sud, par les tribus noires ayant leur foyer principal dans les lointaines régions de l’Afrique. La variété blanche, peut-être moins nombreuse que ses deux sœurs, d’ailleurs douée d’une activité combattante qu’elle tourne contre elle-même et qui l’affaiblit, étincelle de supériorités de tout genre. Poussée par les efforts désespérés et accumulés des nains, cette race noble s’ébranle, déborde ses territoires du côté du midi, et ses tribus d’avant-garde tombent au milieu des multitudes mélaniennes, y éclatent en débris, et commencent à se