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CONCLUSION GÉNÉRALE.


L’histoire humaine est semblable à une toile immense. La terre est le métier sur lequel elle est tendue. Les siècles assemblés en sont les infatigables artisans. Ils ne naissent que pour saisir aussitôt la navette et la faire courir sur la trame ; ils ne la posent que pour mourir. Ainsi, sous ces doigts affairés, va croissant d’ampleur le large tissu.

L’étoffe n’en revêt pas une seule couleur ; elle ne se compose pas d’une unique matière. Bien loin que l’inspiration de la sobre Pallas en ait décidé les desseins, l’aspect en rappelle plutôt la méthode des artistes du Kachemyr. Les bigarrures les plus étranges et les enroulements les plus bizarres s’y compliquent sans cesse des caprices les plus inattendus, et ce n’est qu’à force de diversité et de richesse que, contrairement à toutes les lois du goût, cet ouvrage, incomparable en grandeur, devient également incomparable en beauté.

Les deux variétés inférieures de notre espèce, la race noire, la race jaune, sont le fond grossier, le coton et la laine, que les familles secondaires de la race blanche assouplissent en y mêlant leur soie, tandis que le groupe arian, faisant circuler ses filets plus minces à travers les générations ennoblies, applique à leur surface, en éblouissant chef-d’œuvre, ses arabesques d’argent et d’or.

C’est ainsi que l’histoire est une, et que tant d’anomalies qu’elle présente peuvent trouver leur explication et rentrer dans des règles communes, si l’œil et la pensée, cessant de se concentrer avec une obstination irréfléchie sur des points