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contrées où ils n’avaient affaire qu’à des tribus sauvages et clairsemées, dans l’Amérique centrale, à Bogota, dans la Californie, ils agissaient absolument de même. Les Portugais les imitèrent sans réserve. Après avoir déblayé un certain rayon autour de Rio-Janeiro, ils se mêlèrent sans scrupule aux anciens possesseurs de la contrée, sans se scandaliser de l’abrutissement de ceux-ci. Cette facilité de mœurs provenait, sans aucun doute, des points d’attraction que la composition des races respectives laissait subsister entre les maîtres et les sujets.

Chez les aventuriers sortis de la péninsule hispanique, et qui appartenaient pour la plupart à l’Andalousie (1)[1], le sang sémitique dominait, et quelques éléments jaunes, provenus des parties ibériennes et celtiques de la généalogie, donnaient à ces groupes une certaine portée malaise. Ses principes blancs étaient là eu minorité devant l’essence mélanienne. Une affinité véritable existait donc entre les vainqueurs et les vaincus, et il en résultait une assez grande facilité de s’entendre, et, par suite, propension à se mêler.

Pour les Français, il en était à peu près de même, quoique par un autre côté, et nullement par ce côté. Dans le Canada, nos émigrants ont très fréquemment accepté l’alliance des aborigènes, et ce qui fut toujours assez rare de la part des colonisateurs anglo-saxons, ils ont adopté souvent et sans peine le genre de vie des parents de leurs femmes. Les mélanges ont été si faciles, que l’on trouve peu d’anciennes familles canadiennes qui n’aient touché, au moins de loin, à la race indienne ; et cependant ces mêmes Français, si accommodants dans le nord, n’ont jamais voulu, dans le sud, admettre la possibilité d’une alliance avec l’espèce nègre que comme une flétrissure, ni voir dans les mulâtres que des avortons réprouvés. La cause de cette inconséquence apparente est aisée

(1) Il y a une exception à faire en faveur de la population européenne du Chili. Elle est venue en majorité du nord de l’Espagne, elle s’est moins mêlée aux aborigènes ; elle est donc très naturellement supérieure aux habitants des républiques voisines, et son état politique s’en ressent.

  1. (1) Il y a une exception à faire en faveur de la population européenne du Chili. Elle est venue en majorité du nord de l’Espagne, elle s’est moins mêlée aux aborigènes ; elle est donc très naturellement supérieure aux habitants des républiques voisines, et son état politique S’en ressent.