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Les civilisations américaines étaient si débiles qu’elles sont tombées en poussière au premier choc. Les tribus spécialement douées qui les soutenaient se sont dispersées sans difficulté devant le sabre d’un vainqueur imperceptible, et les masses populaires qui les avaient subies, sans les comprendre, se sont retrouvées libres de suivre les directions de leurs nouveaux maîtres ou de continuer leur antique barbarie. La plupart ont préféré prendre le dernier parti ; elles rivalisent d’abrutissement avec ce qu’on voit de mieux en ce genre en Australie. Quelques-unes possèdent même la conscience de leur abaissement, et elles en agréent toutes les conséquences. De ce nombre est la tribu brésilienne, qui s’est fait, pour ses fêtes, un air de danse dont voici les paroles :

Quand je serai mort,
Ne me pleure pas ;
Il y a le vautour
Qui me pleurera.
Quand je serai mort.
Jette-moi dans la forêt ;
Il y a l’armadille
Qui m’enterrera.

On n’est pas plus philosophe (1)[1] ; les bêtes de proie sont des fossoyeurs acceptés. Les nations américaines n’ont donc obtenu qu’à un seul moment, et sous un jour bien sombre, la lumière civilisatrice. Maintenant les voilà revenues à leur état normal : c’est une sorte de demi-néant intellectuel, et rien ne les en doit arracher que la mort physique (2)[2].

que le continent d’Amérique. Je n’ai pas cru devoir cependant rattacher directement mes démonstrations à ce système, le considérant comme susceptible, pour ce qui a trait au Japon, de développements très considérables qu’il est dangereux de prévenir. Lorsque le fait sera établi, il en résultera que l’Amérique, outre ce qu’elle a reçu des Scandinaves, a encore recueilli par l’intermédiaire d’aventuriers malais, faiblement arianisés, une petite portion de plus d’essence noble. Aucun des principes posés ici n’en sera ébranlé.

(1) Cette chanson en langue géral est donnée par Hartins. u. Spix, ouvr. cité, t. III, p. 1085.

(2) Humboldt, Histoire critique, etc., t. II, p. 128. — Les observations


  1. (1) Cette chanson en langue géral est donnée par Martins. u. Spix, ouvr. cité, t. III, p. 1085.
  2. (2) Humboldt, Histoire critique, etc., t. II, p. 128. — Les observations de cet écrivain s’appliquent surtout aux peuples chasseurs de l’hémisphère septentrional.