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Quand une fois les Scandinaves eurent pris pied dans le Groenland, leurs colonisations s’y succédèrent, s’y multiplièrent rapidement, et en même temps des voyages de découverte commencèrent vers le sud (1)[1]. L’Amérique fut ainsi trouvée par les rois de mer, comme si la Providence avait voulu qu’aucune gloire ne manquât à la plus noble des races.

On connaît très peu, très mal, très obscurément, l’histoire des rapports du Groenland avec le continent occidental. Deux points seulement sont fixés avec la dernière évidence par quelques chroniques domestiques parvenues jusqu’à nous. Le premier, c’est que les Scandinaves avaient pénétré, aux* siècle, jusqu’à la Floride, au sud de la contrée où ils avaient trouvé des vignes, et qu’ils avaient appelée Vinland. Dans le voisinage était, suivant eux, l’ancien pays des colons irlandais, que leurs documents nomment Hirttramanhaland, le pays des blancs : c’était l’expression dont s’étaient servis les Indiens, premiers auteurs de ce renseignement, et que ceux qui le recevaient n’avaient pas hésité à traduire par le mot : Island it mikla, la grande Islande (2)[2].

Le second point est celui-ci : jusqu’en 1347 les communications entre le Groenland et le bas Canada étaient fréquentes et faciles. Les Scandinaves allaient y charger des bois de construction (3)[3].

Vers la même époque un changement remarquable s’opère dans l’état des populations groënlandaises et islandaises. Les glaces, gagnant plus de terrain, rendent le climat par trop dur et la terre trop stérile. La population décroît rapidement, et si bien que le Groenland se trouve tout à coup absolument abandonné et désert, sans qu’on puisse dire ce que ses habitants sont devenus. Cependant ils n’ont pas été détruits

(1) M. A. de Humboldt remarque que le Groënland oriental est si rapproché de la péninsule Scandinave et du nord de l’Ecosse, qu’il n’existe d’un point à l’autre qu’une distance de deux cent soixante-neuf lieues marines, trajet qui, par un vent frais et continu, peut être franchi en moins de quatre jours de navigation. (Ouvr. cité, t. II, p. 76.)

(2) Chronique d’Islande, intitulée Isldingabok, composée vers 1030 ou 1090 ; Antiquit. americ, p. 211.

(3) Antiquit. americ, p. 265.


  1. (1) M. A. de Humboldt remarque que le Groënland oriental est si rapproché de la péninsule Scandinave et du nord de l’Ecosse, qu’il n’existe d’un point à l’autre qu’une distance de deux cent soixante-neuf lieues marines, trajet qui, par un vent frais et continu, peut être franchi en moins de quatre jours de navigation. (Ouvr. cité, t. II, p. 76.)
  2. (2) Chronique d’Islande, intitulée Isldingabok, composée vers 1030 ou 1090 ; Antiquit. americ, p. 211.
  3. (3) Antiquit. americ, p. 265.