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dans l’Anahuac, à celui des Olmécas, et, sur le plateau des Andes péruviennes, à celui que les Aymaras avaient autrefois fondé (1)[1].

La présence de quelques éléments blancs rendue nécessaire, affirmée d’office par l’état des choses, est confirmée par le double témoignage des traditions américaines elles-mêmes, et d’autres récits datant de la fin du Xe siècle et du commencement du XIe, qui nous sont transmis par les Scandinaves. Les Incas déclarèrent aux Espagnols qu’ils tenaient leur religion et leurs lois d’un homme étranger de race blanche. Ils ajoutaient même cette observation si caractéristique, que ces hommes avaient une longue barbe, fait complètement anormal chez eux. Il n’y aurait aucune raison pour repousser un récit traditionnel de ce genre, quand même il serait isolé (2)[2].

Voici qui lui donne une force irrésistible. Les Scandinaves de l’Islande et du Groenland tenaient, au Xe siècle, pour indubitable que des relations fort anciennes avaient eu lieu entre l’Amérique du Nord et l’Islande. Ils avaient d’autant plus de motifs de ne pas douter de la possibilité des faits que leur racontaient à cet égard les habitants de Limerick, que plusieurs de leurs propres expéditions avaient été rejetées par les tempêtes soit sur la côte islandaise, en allant en Amérique, soit sur la côte américaine, en allant en Islande. Ils racontaient donc, d’après ce qui leur avait été dit, qu’un guerrier gallois appelé Madok, parti de l’île de Bretagne, avait navigué très loin dans l’ouest (3)[3]. Qu’ayant rencontré là une terre inconnue, il y avait fait un court séjour. Mais, de retour dans sa patrie, il n’avait plus eu d’autre pensée que d’aller s’établir

(1) Jomard, les Antiquités américaines au point de vue de la géographie, p. 6.

(2) Pickering, p. 113. — La même tradition, avec les mêmes détails, se retrouve chez les Muyscas, dans le Bogota, par conséquent à une distance considérable du Mexique.

(3) « Cambro-Britannos, ibidem, anno 1170, duce Madoco concedisse, nonnullis probatum habetur et alios quoque Europæos, tam ante quam post hoc tempus, notitiam terræ habuisse, non amplius absurdum aut improbabile existimatur. Rafu, Antiq. americanœ. Hafniæ , 1837, in-4, p. III-IV.)


  1. (1) Jomard, les Antiquités américaines au point de vue de la géographie, p. 6.
  2. (2) Pickering, p. 113. — La même tradition, avec les mêmes détails, se retrouve chez les Muyscas, dans le Bogota, par conséquent à une distance considérable du Mexique.
  3. (3) « Cambro-Britannos, ibidem, anno 1170, duce Madoco concedisse, nonnullis probatum habetur et alios quoque Europæos, tam ante quam post hoc tempus, notitiam terræ habuisse, non amplius absurdum aut improbabile existimatur. Rafu, Antiq. americanœ. Hafniæ , 1837, in-4, p. III-IV.)