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Ils possédaient un système graphique, mais des plus imparfaits. Leur écriture ne consistait qu’en une série de dessins grossièrement idéographiques. Il y a bien loin de là aux hiéroglyphes proprement dits. On se servait de cette méthode pour conserver le souvenir des grands faits historiques, transmettre les ordres du gouvernement, les renseignements fournis par les magistrats au roi. C’était un procédé très lent, très incommode ; cependant les Aztèques n’avaient pas su mieux faire. Ils étaient inférieurs sous ce rapport aux Olmécas, leurs prédécesseurs, si tant est qu’il faille les prendre, avec M. Prescott, pour les fondateurs de Palenquè, et admettre que certaines inscriptions observées sur les murailles de ces ruines constituent des signes phonétiques (1)[1].

Enfin, dernière défectuosité chronique de la société mexicaine, il est certain, bien qu’à peine croyable, que ce peuple riverain de la mer, et dont le territoire n’est pas privé de cours d’eau, ne pratiquait pas la navigation, et se servait uniquement de pirogues fort mal construites et de radeaux plus imparfaits encore.

Voilà quelle était la civilisation renversée par Cortez : et il est bon d’ajouter que ce conquérant la trouva dans sa fleur et dans sa nouveauté ; car la fondation de la capitale, Tenochtitlan, ne remontait qu’à l’an 1325. Combien donc les racines de cette organisation étaient courtes et peu tenaces ! Il a suffi de l’apparition et du séjour d’une poignée de métis blancs sur son terrain pour la précipiter immédiatement au sein du néant. Quand la forme politique eut péri, il n’y eut plus de trace des inventions sur lesquelles elle s’appuyait. La culture péruvienne ne se montra pas plus solide.

La domination des Incas, comme celle des Toltèques et des Aztèques, succédait à un autre empire, celui des Aymaras, dont le siège principal avait existé dans les régions élevées des Andes, sur les rives du lac de Titicaca. Les monuments qu’on voit encore dans ces lieux permettent d’attribuer à la nation aymara des facultés supérieures à celles des Péruviens qui


(1) Prescott, ouvr. cité, t. III, p. 253.


  1. (1) Prescott, ouvr. cité, t. III, p. 253.