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Les Toltèques et les Aztèques se reconnaissent également au peu de largeur du front et à la couleur olivâtre. Ils venaient du nord-ouest, où l’on retrouve encore leurs tribus natales dans les environs de Nootka ; ils s’installèrent au milieu des peuplades indigènes, qui avaient déjà connu la domination des Olmécas, et ils leur enseignèrent une sorte de civilisation bien faite pour nous étonner ; car elle a conservé, tant qu’elle a vécu, les caractères résultant de la vie des forêts à côté de ceux dont l’existence des villes rend les raffinements nécessaires.

En détaillant la splendeur de Mexico au temps des Aztèques, on y remarque de somptueux bâtiments, de belles étoffes, des mœurs élégantes et recherchées. Dans le gouvernement on y voit cette hiérarchie monarchique, mêlée d’éléments sacerdotaux, qui se reproduit partout où des masses populaires sont assujetties par une nation de vainqueurs. On y constate encore de l’énergie militaire chez les nobles, et des tendances très accusées à comprendre l’administration publique d’une façon toute propre à la race jaune. Le pays n’était pas non plus sans littérature. Malheureusement les historiens espagnols ne nous ont rien conservé qu’ils n’aient défiguré en l’amplifiant. Il y a cependant du goût chinois dans les considérations morales, dans les doctrines régulatrices et édifiantes des poésies aztèques, comme ce même goût apparaît aussi dans la recherche contournée et énigmatique des expressions. Les chefs mexicains, pareils en ce point à tous les caciques de l’Amérique, se montraient grands parleurs, et cultivaient fort cette éloquence ampoulée, nuageuse, séductrice, que les Indiens des prairies du nord connaissent et pratiquent si bien au gré des romanciers qui les ont décrits de nos jours. J’ai déjà indiqué la source de ce genre de talent. L’éloquence politique, ferme, simple, brève, qui n’est que l’exposition des faits et des raisons, assure le plus grand honneur à la nation qui en fait usage. Chez les Arians de tous les âges, comme encore chez les Doriens et dans le vieux sénat sabin de la Rome latine, c’est l’instrument de la liberté et de la sagesse. Mais l’éloquence politique ornée, verbeuse, cultivée comme un talent