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Lorsque nous avons étudié les causes des migrations primitives de la race blanche vers le sud et l’ouest, nous avons constaté que ces déplacements étaient les conséquences d’une forte pression exercée dans le nord-est par des multitudes innombrables de peuples jaunes. Antérieurement encore à la descente des Chamites blancs, des Sémites et des Arians, l’inondation finnique, trouvant peu de résistance chez les nations noires de la Chine, s’était répandue au milieu d’elles, et y avait poussé très loin ses conquêtes, par conséquent ses mélanges. Dans les dispositions dévastatrices, brutales, de cette race il y eut nécessairement excès de spoliation. En butte à des dépossessions impitoyables, des bandes nombreuses de noirs prirent la fuite et se dispersèrent où elles purent. Les unes gagnèrent les montagnes, les autres les îles Formose, Niphon, Yeso, les Kouriles, et, passant derrière les masses de leurs persécuteurs, vinrent à leur tour conquérir, soit en restant pures, soit mêlées au sang des agresseurs, les terres abandonnées par ceux-ci dans l’occident du monde. Là elles s’unirent aux traînards jaunes qui n’avaient pas suivi la grande émigration.

Mais le chemin pour passer ainsi de l’Asie septentrionale sur l’autre continent était hérissé de difficultés qui ne le rendaient pas attrayant ; puis, d’une autre part, les grandes causes qui expulsaient d’Amérique les multitudes énormes des jaunes n’avaient pas permis à beaucoup de tribus de ceux-ci de conserver l’ancien domicile. Pour ces motifs, la population resta toujours assez faible, et ne se releva jamais de la terrible catastrophe inconnue qui avait poussé ces masses natives à la désertion. Si les Mexicains, si les Péruviens présentèrent quelques dénombrements respectables à l’observation des Espagnols, les Portugais trouvèrent le Brésil peu habité, et les Anglais n’eurent devant eux, dans le nord, que des tribus errantes perdues au sein des solitudes. L’Américain n’est donc


jusqu’à affirmer que, dans la province du Para, il n’est peut-être pas une seule famille indienne qui ait laissé passer quelques générations sans se croiser, soit avec des blancs, soit avec des noirs.