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que les tribus du continent africain (1)[1]. Il a pu se développer chez elles, sous une influence supérieure, comme ailleurs chez les Malais de Java, de Sumatra, de Bali, des civilisations bien éphémères sans doute, mais non pas dénuées de mérite.

Ces civilisations, quelles qu’aient été leurs causes créatrices, n’ont eu l’étincelle nécessaire pour se former que là où la famille malaise, existant avec la plus grande somme d’éléments mélaniens, présentait l’étoffe la moins rebelle. On doit donc s’attendre à les trouver sur les points les plus rapprochés des archipels du Pacifique. Cette prévision n’est pas trompée : leurs plus complets développements nous sont offerts sur le territoire mexicain et sur la côte péruvienne.

Il est impossible de passer sous silence un préjugé commun à toutes les races américaines, et qui se rattache évidemment à une considération ethnique. Partout les indigènes admirent comme une beauté les fronts fuyants et bas. Dans plusieurs localités, extrêmement distantes les unes des autres, telles que les bords de la Columbia et l’ancien pays des Aymaras péruviens, on a pratiqué ou l’on pratique encore l’usage d’obtenir cette difformité si appréciée, en aplatissant les crânes des enfants en bas âge par un appareil compressif formé de bandelettes étroitement serrées (2)[2].

Cette coutume n’est pas, d’ailleurs, exclusivement particulière au nouveau monde ; l’ancien en a vu des exemples. C’est ainsi que, chez plusieurs nations hunniques, d’extraction en

(1) D’Orbigny (ouvr. cité, t. I, p. 143) déclare que le mélange des aborigènes américains, et ce sont surtout les Guaranis très mongolisés qu’il a observés, donne des produits supérieurs aux deux types qui les fournissent.

(2) Les Aymaras actuels n’ont pas la tête aplatie de leurs ancêtres, parce que l’influence espagnole les a fait renoncer à cet usage. (D’Orbigny, ouvr. cité, t. I, p. 315.) Il n’avait commencé qu’avec la domination des Incas, vers le XIVe siècle. (Ibid., p. 319.) Les Chinooks de la Colombie le maintiennent encore avec grand soin. Un voyageur, choisi pour parrain d’un enfant, ne put décider les parents à ne pas remettre les bandelettes compressives aussitôt que le nourrisson eut été ondoyé par un missionnaire.


  1. (1) D’Orbigny (ouvr. cité, t. I, p. 143) déclare que le mélange des aborigènes américains, et ce sont surtout les Guaranis très mongolisés qu’il a observés, donne des produits supérieurs aux deux types qui les fournissent.
  2. (2) Les Aymaras actuels n’ont pas la tête aplatie de leurs ancêtres, parce que l’influence espagnole les a fait renoncer à cet usage. (D’Orbigny, ouvr. cité, t. I, p. 315.) Il n’avait commencé qu’avec la domination des Incas, vers le XIVe siècle. (Ibid., p. 319.) Les Chinooks de la Colombie le maintiennent encore avec grand soin. Un voyageur, choisi pour parrain d’un enfant, ne put décider les parents à ne pas remettre les bandelettes compressives aussitôt que le nourrisson eut été ondoyé par un missionnaire.