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La modification du type jaune pur, lorsqu’elle a lieu par immixtion de principes blancs comme chez les Slaves et chez les Celtes, ou même chez les Kirghises, produit des hommes dont je ne trouve pas les semblables en Amérique. Ceux des indigènes de ce continent qui se rapprocheraient le plus, quant à l’extérieur, de nos populations galliques ou wendes, sont les Cherokees, et cependant il est impossible de s’y méprendre. Lorsqu’un mélange a lieu entre le jaune et le blanc, le second développe surtout son influence par la nouvelle mesure des proportions qu’il donne aux membres ; mais, pour ce qui est du visage, il agit médiocrement et ne fait que modérer la nature finnoise. Or c’est précisément par les traits de la face que les Cherokees sont comparables au type européen. Ces sauvages n’ont pas même les yeux aussi bridés, ni aussi obliques, ni aussi petits que les Bretons et que la plupart des Russes orientaux ; leur nez est droit et s’éloigne notablement de la forme aplatie que rien n’efface dans les métis jaunes et blancs. Il n’y a donc nul motif d’admettre que les races américaines aient vu leurs éléments finniques influencés primitivement par des alliages venus de l’espèce noble.

Si l’observation physique se prononce de la sorte sur ce point, elle indique, en revanche, avec insistance, la présence d’immixtions noires. L’extrême variété des types américains correspond, d’une manière frappante, à la diversité non moins grande qu’il est facile d’observer entre les nations polynésiennes et les peuples malais du sud-est asiatique. On sera d’autant plus convaincu de la réalité de cette corrélation qu’on s’y arrêtera davantage. On découvrira, dans les régions américaines, les pendants exacts du Chinois septentrional, du Malais de Célèbes, du Japonais, du Mataboulaï des îles Tonga, du Papou lui-même, dans les types de l’Indien du nord, du Guarani, de l’Aztèque, du Quichna, du Cafuso. Plus on descendra aux nuances, plus on rencontrera d’analogies ; toutes, certainement, ne correspondront pas d’une manière rigoureuse, il est bien facile de le prévoir, mais elles indiqueront si bien leur lien général de comparaison que l’on conviendra sans difficulté de l’identité des causes. Chez les sujets les