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indigènes de l’Amérique, et il les laissait en dehors de ses nomenclatures. Les faits recueillis depuis lors permettent de se montrer plus hardi. Nombreux, ils deviennent concluants, et, si aucun n’apporte une certitude entière, une affirmation absolument sans réplique, l’ensemble en permet l’adoption de certaines bases complètement positives.

Il ne se trouvera plus désormais d’ethnologiste quelque peu renseigné qui puisse prétendre que les naturels américains forment une race pure, et qui leur applique la dénomination de variété rouge. Depuis le pôle jusqu’à la Terre-de-Feu, il n’est pas une nuance de la coloration humaine qui ne se manifeste, sauf le noir décidé du Congo et le blanc rosé de l’Anglais ; mais, en dehors de ces deux carnations, on observe les spécimens de toutes les autres (1)[1]. Les indigènes, suivant leur nation, apparaissent bruns olivâtres, bruns foncés, bronzés, jaunes pâles, jaunes cuivrés, rouges, blancs, bruns, etc. Leur stature ne varie pas moins. Entre la taille non pas gigantesque, mais élevée, du Patagon, et la petitesse des Changos, il y a les mesures les plus multipliées. Les proportions du corps présentent les mêmes différences : quelques peuples ont le buste fort long, comme les tribus des Pampas ; d’autres, court et large, comme les habitants des Andes péruviennes (2)[2]. Il en est de même pour la forme et le volume de la tête. Ainsi la physiologie ne donne aucun moyen d’établir un type unique parmi les nations américaines.

En s’adressant à la linguistique, même résultat. Toutefois il faut y regarder de près. La grande majorité des idiomes possèdent chacun une originalité incontestable dans les parties lexicologiques ; à ce point de vue, ils sont étrangers les uns

(1) A. d’Orbigny, l’Homme américain, t. I, p. 71 et seqq.

(2) J’ai dit ailleurs que l’on cherchait à expliquer le développement extraordinaire du buste chez les Quichnas, dont il est ici question, par l’élévation de la chaîne où ils habitent, et j’ai montré pour quels motifs cette hypothèse était inacceptable. (Voir tome 1er) Voici une raison d’une autre sorte : les Umanas, placés dans les plaines qui bordent le cours supérieur de l’Amazone, ont la même conformation que les Quichnas montagnards. (Martins u. Spix, Reise in Brasilien, t. III, p. 1255.)

  1. (1) A. d’Orbigny, l’Homme américain, t. I, p. 71 et seqq.
  2. (2) J’ai dit ailleurs que l’on cherchait à expliquer le développement extraordinaire du buste chez les Quichnas, dont il est ici question, par l’élévation de la chaîne où ils habitent, et j’ai montré pour quels motifs cette hypothèse était inacceptable. (Voir tome 1er) Voici une raison d’une autre sorte : les Umanas, placés dans les plaines qui bordent le cours supérieur de l’Amazone, ont la même conformation que les Quichnas montagnards. (Martins u. Spix, Reise in Brasilien, t. III, p. 1255.)