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développe des aptitudes inconnues à l’ancienne. Un fond complètement le même, un désordre plus grand, une assimilation croissante de toutes les facultés particulières par l’extrême subdivision des groupes primitivement distincts, voilà ce qui est commun entre les deux situations et ce qui ramène, chaque jour, nos sociétés vers l’imitation de l’univers impérial  ; mais ce qui nous est propre, en ce moment du moins, et ce qui crée la différence, c’est que, dans la fermentation des parties constitutives de notre sang, beaucoup de détritus germaniques agissent encore et d’une manière fort spéciale, suivant qu’on les observe dans le Nord ou dans le Midi : ici, chez les Provençaux, en quantité dissolvante ; là, au contraire, chez les Suédois, avec un reste d’énergie qui retarde le mouvement prononcé de décadence.

Ce mouvement, opérant du sud au nord, a porté, depuis deux siècles déjà, les masses de la péninsule italique à un état très voisin de celui de leurs prédécesseurs du IIIe siècle de notre ère, sauf des détails. Le haut pays, à l’exception de certaines parties du Piémont, en diffère peu. L’Espagne, saturée d’éléments plus directement sémitiques, jouit dans ses races d’une sorte d’unité relative qui rend le désordre ethnique moins flagrant, mais qui est loin de donner le dessus aux facultés mâles ou utilitaires. Nos provinces françaises méridionales sont annulées  ; celles du centre et de l’est, avec le sud-ouest de la Suisse, sont partagées entre l’influence du Midi et celle du Nord. La monarchie autrichienne maintient de son mieux, et avec une conscience de sa situation qu’on pourrait appeler scientifique, la prépondérance des éléments teutons dont elle dispose sur ses populations slaves. La Grèce, la Turquie d’Europe, sans force devant l’Europe occidentale, doivent au voisinage inerte de l’Anatolie un reste d’énergie relative, due aux infiltrations de l’élément germanique qu’à différentes reprises les âges moyens y ont apporté. On en peut dire autant des petits États voisins du Danube, avec cette différence que ceux-là doivent le peu d’immixtions arianes qui semblent les animer encore à une époque beaucoup plus ancienne, et que, chez eux, le désordre ethnique en est à sa plus douloureuse