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la Bourgogne servant de lien, la France entière, dont l’Angleterre arrivait à goûter le génie, la France se sentait en plus parfaite harmonie d’humeur avec ses voisins du nord et de l’ouest, de qui elle reçut alors à peu près autant qu’elle leur donna.

L’Espagne, à son tour, fut atteinte par cette assimilation générale des instincts en voie de conquérir tous les pays de l’Occident. Jusqu’alors cette terre n’avait fait des emprunts à ses voisins du nord que pour les transformer d’une manière à peu près complète, unique moyen de les rendre accessibles au goût spécial de ses populations combinées d’une manière si particulière. Tant que l’élément gothique avait eu quelque force extérieurement manifestée, les relations de la péninsule ibérique avaient été au moins aussi fréquentes avec l’Angleterre qu’avec la France, tout en restant médiocres. Au XVIe siècle, l’élément romano-sémitique prenant de la puissance, ce fut avec l’Italie, et l’Italie du sud, que les royaumes de Ferdinand s’entendirent le mieux, bien qu’ils tinssent aussi à nous par le lien du Roussillon. N’ayant qu’une assez faible teinte celtique, le genre d’esprit trivial des bourgeoisies du Nord ne prit que difficilement pied chez elle, comme aussi dans l’autre péninsule  ; cependant il ne laissa pas de s’y montrer, mais avec une dose d’énergie et d’enflure toute sémitique, avec une verve locale qui n’était pas la force musculeuse de la barbarie germanique, mais qui, dans son espèce de délire africain, produisit encore de très grandes choses. Malgré ces restes d’originalité, on sent bien que l’Espagne avait perdu la meilleure part de ses forces gothiques, qu’elle éprouvait, comme tous les autres pays, l’influence restaurée de la romanité, par ce fait seul qu’elle sortait de son isolement.

Dans cette renaissance, comme on l’a appelée avec raison, dans cette résurrection du fond romain, les instincts politiques de l’Europe se montrant plus assouplis à mesure que l’on s’avançait au milieu de populations plus débarrassées de l’instinct germanique, c’était là que l’on trouvait moins de nuances dans l’état des personnes, une plus grande concentration des forces gouvernementales, plus de loisirs pour les sujets, une préoccupation