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églises et les hôtels de ville des Flandres et de l’Allemagne occidentale montrent encore que ce fut la forme favorite et particulièrement bien comprise de l’art dans ces régions ; cette forme semble avoir correspondu directement à la nature intime de leur génie, qui ne s’en écarta guère sans perdre son originalité.

L’influence exercée par les contrées rhénanes fut très grande sur toute l’Allemagne ; elle se prolongea jusque dans l’extrême nord. C’est en elles que les royaumes scandinaves aperçurent longtemps la nuance de civilisation méridionale qui, se rapprochant davantage de leur essence, leur convenait le mieux. A l’est, du côté des duchés d’Autriche, la dose du sang germanique étant plus faible, la mesure du sang celtique moins grande, et les couches slaves et romaines tendant à exercer une action prépondérante, l’imitation se tourna de bonne heure vers l’Italie, non toutefois sans être sensible aux exemples venus du Rhin, ni même, par ailleurs, aux suggestions slaves. Les contrées gouvernées par la maison de Habsbourg furent essentiellement un terrain de transition, comme la Suisse, qui, d’une manière moins compliquée sans doute, partageait son attention entre les modèles rhénans et ceux de la haute Italie. Dans les anciens territoires helvètes, le point mitoyen des deux systèmes était Zurich. Je répéterai ici, pour compléter le tableau, que, aussi longtemps que l’Angleterre demeura plus particulièrement germanique, après qu’elle eut à peu près absorbé les apports français de la conquête normande et avant que les immigrations protestantes eussent commencé à la rallier à nous, ce furent les formes flamandes et hollandaises qui lui furent les plus sympathiques. Elles rattachèrent de loin ses idées à celles du groupe rhénan.

Aient maintenant le troisième centre de civilisation, qui avait son foyer à Paris. La colonisation franke avait été puissante aux environs de cette ville. La romanité s’y était composée d’éléments celtiques au moins aussi nombreux que sur les bords du Rhin, mais beaucoup plus hellénisés, et, en somme, elle dominait l’action barbare par l’importance de sa masse. De bonne heure, les idées germaniques reculèrent