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a perdu de sa solidité ; des réformateurs ne sont pas loin, et les Pandectes sont leur idéal. L’aristocratie trouve des adversaires ; la démocratie, jadis inconnue, proclame des prétentions qui n’ont pas été inventées sur le sol anglo-saxon. Les innovations qui trouvent faveur, les idées qui germent, les forces dissolvantes qui s’organisent, tout révèle la présence d’une cause de transformation apportée du continent. L’Angleterre est en marche pour entrer à son tour dans le milieu de la romanité.


CHAPITRE VI.

Derniers développements de la société germano-romaine.

Rentrons dans l’empire de Charlemagne, puisque c’est là, de toute nécessité, que la civilisation moderne doit naître. Les Germains non romanisés de la Scandinavie, du nord de l’Allemagne et des îles Britanniques ont perdu, par le frottement, la naïveté de leur essence ; leur vigueur est désormais sans souplesse. Ils sont trop pauvres d’idées pour obtenir une grande fécondité ni surtout une grande variété de résultats. Les pays slaves à ce même inconvénient ajoutent l’hurailité des aptitudes, et cette cause d’incapacité se montrera si forte que, lorsque certains d’entre eux se trouveront en rapports étroits avec la romanité orientale, avec l’empire grec, rien ne sortira de cet hymen. Je me trompe  ; il en sortira des combinaisons plus misérables encore que le compromis byzantin.

C’est donc au sein des provinces de l’empire d’Occident qu’il faut se transporter pour assister à l’avènement de notre forme sociale. La juxtaposition de la barbarie et de la romanité n’y existe plus d’une manière accusée  ; ces deux éléments de la vie future du monde ont commencé à se pénétrer, et, comme pour rendre plus rapide l’achèvement de la tâche, le travail