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autant rapprochés pour le moins du groupe scandinave que des nations méridionales, et qui, dans le moyen âge, les avait fait sympathiser surtout avec les Flamands et les Hollandais, leurs pareils sous beaucoup de rapports. A dater de ce moment, la France fut mieux comprise par eux. Ils devinrent plus littéraires dans le sens artiste du mot. Ils connurent l’attrait pour les études classiques  ; ils les acceptèrent comme on le faisait de l’autre côté du détroit ; ils prirent le goût des statues, des tableaux, de la musique, et, bien que des esprits depuis longtemps initiés, et doués, par l’habitude, d’une délicatesse plus exigeante, les accusassent d’y porter encore une sorte de rudesse et de barbarie, ils surent recueillir, dans ce genre de travaux, une gloire que leurs ancêtres n’avaient ni connue ni enviée.

L’immigration continentale continua et s’agrandit. La révocation de l’édit de Nantes envoya de nombreux habitants de nos provinces méridionales rejoindre dans les villes britanniques la postérité des anciens réfugiés (1)[1]. La révolution française ne fut pas moins influente, ni dans ce triste sens moins généreuse, et, sans parler de ce courant tout récemment formé qui transporte maintenant en Angleterre une partie de la population de l’Irlande, les autres apports ethniques se multipliant sans relâche, les instincts opposés au sentiment germanique ont indéfiniment continué à abonder au sein d’une société qui, jadis si compacte, si logique, si forte, si peu littéraire, n’aurait pas pu naguère assister sans horreur à la naissance de Byron (2)[2].

La transformation est bien sensible ; elle marche d’un pas sûr et se trahit de mille manières. Le système des lois anglaises

(1) Les recherches de M. Weill ont établi que plus de cent mille protestants français ont trouvé, à différentes époques, un refuge en Angleterre.

(2)

If.....
Of the great poet-rire of Italy
I dare to build the imitation rhyme
Harsh runic copy of the south’s sublime.
 
  (Byron, Dedication of the Prophecy of Dante.)


  1. (1) Les recherches de M. Weill ont établi que plus de cent mille protestants français ont trouvé, à différentes époques, un refuge en Angleterre.
  2. (2)

    If.....
    Of the great poet-rire of Italy
    I dare to build the imitation rhyme
    Harsh runic copy of the south’s sublime.
     
      (Byron, Dedication of the Prophecy of Dante.)