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des Ases (1)[1]. Ils leur enseignèrent les lois romaines (2)[2] ; ils leur en firent apprécier les avantages gouvernementaux, ils les initièrent à des idées de domination que les guerriers anglo-saxons n’auraient certainement pas contribué à répandre. Mais, et en ceci les conseillers britto-germains différaient essentiellement des leudes gaulois ou mérowings, ils ne sauvèrent pas de la destruction l’extérieur des mœurs romaines, attendu qu’eux-mêmes ne l’avaient jamais qu’assez imparfaitement possédé, et ils ne déposèrent pas dans l’administration le germe de la féodalité, parce que leur pays n’avait été que très passagèrement affecté par le régime des lois bénéficiales (3)[3]. L’Angleterre se trouvait donc mise à part, dès le Ve siècle, du mode d’existence qui allait prévaloir dans tout le reste de l’Europe.

Ce que les ceorls britto-romains inspirèrent très bien aux descendants de Wodan et de Thor, ce fut l’envie de recueillir la succession entière des empereurs nationaux. On voit avec quelque étonnement les princes anglo-saxons les plus habiles, les plus forts, s’entourer des marques romaines de la souveraine puissance, frapper des médailles au type de la louve et des jumeaux, approprier les lois romaines à l’usage de leurs sujets, se plaire à entretenir avec la cour de Constantinople des rapports d’intimité, et revêtir un double titre, celui de bretwalda, vis-à-vis de leurs sujets anglo-saxons et bretons, celui de basileus, dans leurs documents écrits en langue latine (4)[4]. Ce terme de basileus auquel les rois franks, wisigoths, lombards, n’osèrent jamais prétendre, donnait une situation de


(1) Dans les documents anglo-saxons les plus anciens, on voit figurer, parmi les dignitaires, un grand nombre de noms bretons. (Kemble, ouvr. cité, t. I, p. 17.)

(2) Eux-mêmes tenaient cette science de la meilleure source, puisque Papinien avait été chef de l’administration de l’île. (Palsgrave, t. 1, p. 322.)

(3) Palsgrave, ouvr. cité, t. I, p. 495 et seqq.

(4) Palsgrave, ouvr. cité, t. 1, p. 420, 488, 563. — Le titre de bretwalda entraînait la domination, au moins nominale, sur les nations bretonnes indépendantes de l’île. Plusieurs de ces nations, comme celle de la Cornouailles, par exemple, avaient au Xe siècle une noblesse d’origine germanique. (Palsgrave, 1. 1, p. 411.)


  1. (1) Dans les documents anglo-saxons les plus anciens, on voit figurer, parmi les dignitaires, un grand nombre de noms bretons. (Kemble, ouvr. cité, t. I, p. 17.)
  2. (2) Eux-mêmes tenaient cette science de la meilleure source, puisque Papinien avait été chef de l’administration de l’île. (Palsgrave, t. 1, p. 322.)
  3. (3) Palsgrave, ouvr. cité, t. I, p. 495 et seqq.
  4. (4) Palsgrave, ouvr. cité, t. 1, p. 420, 488, 563. — Le titre de bretwalda entraînait la domination, au moins nominale, sur les nations bretonnes indépendantes de l’île. Plusieurs de ces nations, comme celle de la Cornouailles, par exemple, avaient au Xe siècle une noblesse d’origine germanique. (Palsgrave, 1. 1, p. 411.)