Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La Scandinavie, d’où sortaient ces guerriers, occupait encore dans la période héroïque des âges moyens le rang le plus distingué parmi les souvenirs de toutes les races dominantes de l’Europe. C’était le pays de leurs ancêtres vénérés, c’eût encore été le pays des dieux mêmes, si le christianisme l’eût permis. On peut comparer les grandes images que le nom de cette terre évoquait dans la pensée des Franks et des Goths à celles qui pour les brahmanes entouraient la mémoire de l’Ultara-Kourou. De nos jours, cette péninsule si féconde, cette terre si sacrée n’est plus habitée par une population égale à celles que son sein généreux a pendant si longtemps et avec tant de profusion répandues sur toute la surface du continent d’Europe (1)[1]. Plus les anciens guerriers étaient de race pure, moins ils étaient tentés de rester paresseusement dans leurs odels, quand tant d’aventures merveilleuses entraînaient leurs émules vers les contrées du midi. Bien peu y demeurèrent. Cependant quelques-uns y revinrent. Ils y trouvèrent les Finnois, les Celtes, les Slaves, soit descendants de ceux qui avaient autrefois occupé le pays, soit fils des captifs que les hasards de la guerre y avaient amenés, luttant avec quelque avantage contre les débris du sang des Ases. Cependant il n’est pas douteux que c’est encore en Suède, et surtout en Norwège, que l’on peut aujourd’hui retrouver le plus de traces physiologiques, linguistiques, politiques, de l’existence disparue de la race noble par excellence, et l’histoire des derniers siècles est là pour l’attester. Ni Gustave-Adolphe, ni Charles XII, ni leurs peuples ne sont des successeurs indignes de Ragnas Lodbrog et de Harald aux beaux cheveux. Si les populations norwégiennes et suédoises étaient plus nombreuses, l’esprit d’initiative qui les anime encore pourrait n’être pas sans conséquences ; mais elles sont réduites par leur chiffre à une véritable impuissance sociale : on peut donc affirmer que

(1) La langue des inscriptions runiques diffère considérablement, comme aussi le gothique d’Ulfila, des langues scandinaves actuelles. (Keferstein, Keltische Alterth., t. I, p. 351.) Ces dernières ont de nombreuses marques d’alliage avec les éléments finniques. (Schaffarik, ouvr. cité, t. I, p. 140.)


  1. (1) La langue des inscriptions runiques diffère considérablement, comme aussi le gothique d’Ulfila, des langues scandinaves actuelles. (Keferstein, Keltische Alterth., t. I, p. 351.) Ces dernières ont de nombreuses marques d’alliage avec les éléments finniques. (Schaffarik, ouvr. cité, t. I, p. 140.)