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implantée par ces mêmes Normands qu’il faut suivre maintenant sur d’autres champs de bataille.

Je serai bref dans l’énumération de leurs hauts faits ; c’est surtout matière à considération pour l’histoire politique. Repoussés du centre de l’Allemagne par la foule des combattants qui s’y pressaient déjà, tenus en échec par les Saxons leurs égaux (1)[1], les Normands continuèrent néanmoins jusqu’au VIIIe siècle à y pousser des incursions, mais sans autre résultat sensible que d’y augmenter le désordre. Effrayant les mers occidentales par le nombre et surtout par l’audace de leurs pirateries, ils allaient pénétrant jusque dans la Méditerranée, pillant l’Espagne, en même temps que, par un travail plus fécond, ils colonisaient les îles voisines de l’Angleterre, s’établissaient en Irlande et en Écosse, peuplaient les vallées d’Islande.

Un peu plus tard, ils firent mieux  ; ils s’établirent à demeure dans cette Angleterre qu’ils avaient tant inquiétée, et en enlevèrent une grande partie aux Bretons, et surtout aux Saxons qui les avaient précédés sur cette terre. Plus tard encore, ils renouvelèrent le sang de la province française de Neustrie, et lui apportèrent une supériorité ethnique bien appréciable sur d’autres contrées de la Gaule. Elle la conserva longtemps, et en montre encore quelques restes. Parmi leurs titres de gloire les plus éclatants, et qui ne furent pas non plus sans de grands résultats, il faut compter surtout la découverte du continent américain, opérée au Xe siècle, et les colonisations qu’ils portèrent dans ces régions au XIe et peut-être jusqu’au XIIIe. Enfin je parlerai en son lieu de la conquête totale de l’Angleterre par les Normands français.

(1) Les Saxons du continent se mélangèrent si rapidement avec les populations celtiques ou slaves qui les entouraient, que, bien que leurs aïeux aient encore habité la Chersonèse cimbrique au Ve siècle et qu’ils n’aient envahi la Thuringe qu’au VIe, une tradition connue aujourd’hui les dit autochtones du Harz. Ils prétendent être nés tout à coup au milieu des rochers et des forêts de cette contrée, au bord d’une fontaine, avec leur roi Aschanes. C’est là une confusion de mythes scandinaves avec des notions aborigènes. (W. Muller, ouvrage cité, p. 298.)


  1. (1) Les Saxons du continent se mélangèrent si rapidement avec les populations celtiques ou slaves qui les entouraient, que, bien que leurs aïeux aient encore habité la Chersonèse cimbrique au Ve siècle et qu’ils n’aient envahi la Thuringe qu’au VIe, une tradition connue aujourd’hui les dit autochtones du Harz. Ils prétendent être nés tout à coup au milieu des rochers et des forêts de cette contrée, au bord d’une fontaine, avec leur roi Aschanes. C’est là une confusion de mythes scandinaves avec des notions aborigènes. (W. Muller, ouvrage cité, p. 298.)