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que l’on suppose la race wende dangereuse pour la liberté de l’Occident. On se l’est imaginée bien à tort conquérante. Quelques esprits abusés, la voyant peu capable de s’élever à des notions originales de perfectionnement social, se sont avisés de la déclarer neuve, vierge et pleine d’une sève qui n’a pas encore coulé. Ce sont là autant d’illusions. Les Slaves sont une des familles les plus vieilles, les plus usées, les plus mélangées, les plus dégénérées qui existent. Ils étaient épuisés avant les Celtes. Les Normands leur ont donné la cohésion qu’ils n’avaient pas en eux-mêmes. Cette cohésion se perdit quand l’invasion de sang Scandinave fut absorbée ; des influences étrangères l’ont restituée et la maintiennent ; mais elles-mêmes valent, au fond, peu de chose : elles sont riches d’expérience, rompues à la routine de la civilisation  ; mais, dépouillées d’inspiration et d’initiative, elles ne sauraient donner à leurs élèves ce qu’elles ne possèdent pas.

Vis-à-vis de l’Occident, les Slaves ne peuvent occuper qu’une situation sociale toute subordonnée, et réduits, à ce point de vue, à la condition d’annexés et d’écoliers de la civilisation moderne, ils joueraient un personnage presque insignifiant dans l’histoire future comme dans l’histoire passée, si la situation physique de leurs territoires ne leur assurait un emploi qui est véritablement des plus considérables. Placés aux confins de l’Europe et de l’Asie, ils forment une transition naturelle entre leurs parents de l’ouest et leurs parents orientaux de race mongole. Ils rattachent ces deux masses qui croient s’ignorer. Ils forment des masses innombrables depuis la Bohême et les environs de Pétersbourg jusqu’aux confins de la Chine. Ils maintiennent ainsi, entre les métis jaunes des différents degrés, cette chaîne ininterrompue d’alliances ethniques qui fait aujourd’hui le tour de l’hémisphère boréal, et par laquelle circule un courant d’aptitudes et de notions analogues.

Voilà la part d’action dévolue aux Slaves, celle qu’ils n’auraient jamais acquise, si les Normands ne leur avaient donné la force de la prendre, et qui a son foyer principal en Russie, parce que c’est là que la plus considérable dose d’activité a été