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Qu’on pèse bien cette proposition, et qu’on en examine les bases : il y a au monde un grand empire slave  ; c’est le premier et le seul qui ait bravé l’épreuve des temps, et ce premier et unique monument d’esprit politique doit incontestablement son origine aux dynasties varègues, autrement dit normandes. Cependant cette fondation politique n’a de germanique que le fait même de son existence. Rien de plus aisé à concevoir. Les Normands n’ont pas transformé le caractère de leurs sujets  ; ils étaient trop peu nombreux pour obtenir un pareil résultat. Ils se sont perdus au sein des masses populeuses qui n’ont fait qu’augmenter autour d’eux, et dans lesquelles les invasions tatares du moyen âge ont, sans cesse et sans mesure, augmenté l’influence énervante du sang finnique. Tout aurait fini, même l’instinct de cohésion, si une intervention providentielle n’avait ramené à temps cet empire sous l’action qui lui avait donné naissance : cette action a suffi jusqu’à présent pour neutraliser les pires effets du génie slave. L’accession des provinces allemandes, l’avènement des princes allemands, une foule d’administrateurs, de généraux, de professeurs, d’artistes, d’artisans allemands, anglais, français, italiens, émigration qui s’est faite lentement, mais sans interruption, a continué à tenir sous le joug les instincts nationaux, et à les réduire, malgré eux, à l’honneur de jouer un grand rôle en Europe. Tout ce qui en Russie présente quelque vigueur politique, dans le sens où l’Occident prend ce mot, tout ce qui rapproche ce pays, dans les formes du moins, de la civilisation germanisée, lui est étranger.

Il est possible que cette situation se soutienne pendant un temps plus ou moins long  ; mais, au fond, elle n’a rien changé à l’inertie organique de la race nationale, et c’est gratuitement


— Niebuhr, Inscript, pers., tabl. I, XXXI.) Ce nom de Saraggoï, Zaranga, Evergetae, ou Waregh, fut aussi apporté en France, où il a laissé des traces qui survivent jusqu’à ce jour dans les noms de Varange, de Varangeville et autres. — Il est très important de ne rien négliger de tout ce qui démontre à quel point les Arians du nord restèrent, tant qu’ils vécurent, rapprochés, malgré les distances de leur souche originelle.