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peut-être même s’avancèrent-ils plus loin que ceux-ci ne l’avaient fait deux mille ans avant notre ère (1)[1]. Ils repassèrent l’Elbe, rencontrèrent le Danube, apparurent dans le cœur de l’Allemagne. Conduits par leurs noblesses, formées de tant de mélanges gètes, sarmates, celtiques, par lesquels ils avaient été jadis asservis, et confondus avec quelques-unes des bandes hunniques qui les poussaient, ils occupèrent, dans le nord, tout le Holstein jusqu’à l’Eider (2)[2]. A l’ouest, gravitant vers la Saale, ils finirent par en faire leur frontière ; tandis qu’au sud ils se répandirent dans la Styrie, la Carniole, touchèrent d’un côté la mer Adriatique, de l’autre le Mein, et couvrirent les deux archiduchés d’Autriche, comme la Thuriuge et la Souabe (3)[3]. Ensuite ils descendirent jusqu’aux contrées rhénanes, et pénétrèrent en Suisse. Ces nations wendes, toujours opprimées jusqu’alors, devinrent ainsi, bon gré mal gré, conquérantes, et les mélanges qui les distinguaient ne leur rendirent pas d’abord ce métier par trop difficile. Les circonstances, agissant avec énergie en leur faveur, amenèrent les choses à ce point que l’élément germanique s’affaiblit considérablement dans toute l’Allemagne, et ne resta quelque peu compact que dans la Frise, la Westphalie, le Hanovre et les contrées rhénanes depuis la mer jusque vers Bâle. Tel fut l’état des choses au VIIIe siècle.

Bien que les invasions saxonnes et les colonisations frankes des trois ou quatre siècles qui suivirent aient un peu modifié cette situation, il n’en demeura pas moins acquis, par la suite, que la masse des nations locales se trouva à jamais dépouillée de ses principaux éléments arians. Ce ne furent pas seulement les invasions slaves de l’époque hunnique qui contribuèrent à cette transformation ; elle fut en grande partie amenée par la

(1) Schaffarik, Slawische Alterth., t. I, p. 166 ; t. II, p. 411, 416, 427, 443, 503, 526, 565. — Kefestein, Keltische Altherth., t. 1, p. XLV, XLVII, L et seqq.

(2) Schaffarik incline même à penser que les Huns connus de l’ Edda sont tous des Slaves. Cette opinion est un peu absolue. (T. I, p. 328.)

(3) Schaffarik, t. II, p. 310 et seqq. — Dans celle direction, les Slaves et leurs noblesses agissaient sous la pression spéciale des Avares, nation demi-mongole, demi-ariane. Beaucoup de ces derniers restèrent avec eux dans la Carniole et la Styrie. (P. 327.)


  1. (1) Schaffarik, Slawische Alterth., t. I, p. 166 ; t. II, p. 411, 416, 427, 443, 503, 526, 565. — Kefestein, Keltische Altherth., t. 1, p. XLV, XLVII, L et seqq.
  2. (2) Schaffarik incline même à penser que les Huns connus de l’ Edda sont tous des Slaves. Cette opinion est un peu absolue. (T. I, p. 328.)
  3. (3) Schaffarik, t. II, p. 310 et seqq. — Dans celle direction, les Slaves et leurs noblesses agissaient sous la pression spéciale des Avares, nation demi-mongole, demi-ariane. Beaucoup de ces derniers restèrent avec eux dans la Carniole et la Styrie. (P. 327.)