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La domination germanique abolit presque toutes ces dispositions, et celles qu’elle négligea de faire disparaître, elle en toléra l’infraction constante. On vit sous les Mérowings des colons posséder eux-mêmes des serfs. Un ennemi fort animé des institutions et des races du nord a avoué que leur condition d’alors ne fut nullement mauvaise (1)[1].

Le travail des éléments teutoniques, agissant dans l’empire, tendit ainsi pendant quatre siècles, du Ve au IXe, à améliorer la position des basses classes, et à relever la valeur intrinsèque de la romanité. C’était la conséquence naturelle du mélange ethnique qui faisait circuler jusque dans le fond des multitudes le sang des vainqueurs. Quand Charlemagne apparut, l’œuvre était assez avancée pour que l’idée de reprendre les errements impériaux pût présider aux conceptions de cette forte tête  ; mais il ne s’apercevait pas, non plus que personne, que les faits qui semblaient à première vue favoriser une restauration annonçaient, au contraire, une grande et profonde révolution, amenaient l’avènement complet de rapports nouveaux dans la société. Il n’était au monde volonté ni génie qui pût empêcher l’explosion des causes parvenues en silence à toute leur maturité.

La romanité avait repris de l’énergie, mais non pas partout en dose égale. La barbarie s’était presque effacée comme corps, mais son influence dominait en plus d’une contrée, et sur ces points, bien qu’elle se fût annihilée sous l’élément latin, c’était, au contraire, celui-ci qui s’était résorbé en elle. Il en était résulté partout d’impérieuses dispositions sporadiques, et le pouvoir de les réaliser.

Dans le sud de l’Italie régnait une confusion plus profonde que jamais. Les populations anciennes, de faibles débris barbares, des alluvions grecques incessantes, puis des Sarrasins en foule, y entretenaient l’excès du désordre avec la prépondérance sémitique. Nulle pensée n’y était générale, nulle force n’y


la sûretè publique. (Guérard, ouvr. cité, t. I, p. 335.) — Comparer cet état de choses à l’organisation romaine.

(1) Guérard, Polyptique d’Irminon, t. I, pass.


  1. (1) Guérard, Polyptique d’Irminon, t. I, pass.