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Le temps seul, amenant ce résultat des mélanges ethniques, y pouvait quelque chose.

En attendant, les rois montrèrent une faveur marquée à leurs sujets romains si respectueux, et ils les rapprochèrent, autant que possible, de leurs personnes. Ils les admirent très volontiers dans ce cercle intime des compagnons qu’ils appelaient leur truste, et cette faveur, en définitive inquiétante et blessante pour les guerriers nationaux, ne paraît pas cependant avoir produit un tel effet. D’après la manière de voir de ceux-ci, le chef était en droit d’engager à son service tous ceux qu’il y jugeait propres. C’était chez eux un principe originel. Leur tolérance complète avait cependant des raisons plus profondes encore.

Les champions de naissance libre, qui n’étaient plus les égaux de leurs chefs par la naissance et n’appartenaient pas à la pure lignée des Ases, au moins pour la plupart (1)[1], puisqu’ils avaient déjà subi quelques modifications ethniques avant le Ve siècle de notre ère, naturellement étaient disposés à en accepter de nouvelles. Certaines lois locales opposaient, à la vérité, quelques barrières à ce danger. Telles tribus nationales n’étaient pas autorisées à contracter des mariages entre elles (2)[2], le code des Ripuaires, en le permettant entre les populations qu’il régissait et les Romains, stipulait toutefois une déchéance pour les produits de ces hymens mixtes (3)[3]. Il les dépouillait d’avance des immunités germaniques, et, les soumettant au régime des lois impériales, les rejetait dans la foule

(1) Chez les Franks, Khlodwig fit égorger tous les hommes de race salique, de sorte qu’après son régne il n’y eut plus personne dans les bandes germaniques de la contrée gauloise qui pût lutter de noblesse avec les Mérowings. (H. Leo, Vorlesungen, etc., t. I, p. 156.)

(2) Weinhold, Die deutsch. Frauen im Mittelalt., p. 339 et seqq. — Dans ces nations les alliances avec des Romains passaient pour moins répréhensibles.

(3) Les enfants issus d’un barbare et d’une Romaine étaient Romains. (Ibidem.) — Au IXe siècle, la loi saxonne prononçait la peine de mort contre les hommes coupables d’un mariage illégal. Mais il y a à remarquer que c’est une époque bien tardive, et que rien n’indique que cette loi fût fort ancienne. En tout cas, elle n’a pas duré. (H. Leo, Vorlesungen, etc., t. I, p. 160.)


  1. (1) Chez les Franks, Khlodwig fit égorger tous les hommes de race salique, de sorte qu’après son régne il n’y eut plus personne dans les bandes germaniques de la contrée gauloise qui pût lutter de noblesse avec les Mérowings. (H. Leo, Vorlesungen, etc., t. I, p. 156.)
  2. (2) Weinhold, Die deutsch. Frauen im Mittelalt., p. 339 et seqq. — Dans ces nations les alliances avec des Romains passaient pour moins répréhensibles.
  3. (3) Les enfants issus d’un barbare et d’une Romaine étaient Romains. (Ibidem.) — Au IXe siècle, la loi saxonne prononçait la peine de mort contre les hommes coupables d’un mariage illégal. Mais il y a à remarquer que c’est une époque bien tardive, et que rien n’indique que cette loi fût fort ancienne. En tout cas, elle n’a pas duré. (H. Leo, Vorlesungen, etc., t. I, p. 160.)