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nations germaniques de l’extrême nord, celles qui renouvelèrent la face du monde, aient jamais, tant qu’elles furent arianes, abandonné leurs plus importants établissements à des hommes d’une naissance commune (1)[1]. Elles avaient trop de pureté de sang, quand elles apparurent au milieu de l’empire romain, pour admettre que leurs chefs pussent en manquer. Toutes pensèrent, à cet égard, comme les Hérules, et agirent de même. Elles ne placèrent à la tête de leurs bandes que des Arians purs, que des Ases, que des fils de dieux. Ainsi, postérieurement au Ve siècle, on doit considérer les tribus royales des nations teutoniques comme étant d’extraction pure. Cet état de choses ne dura pas longtemps. Ces familles d’élite ne s’alliaient pas qu’entre elles et ne suivaient pas, dans leurs mariages, des principes fort rigides ; leur race s’en ressentit, et, dans sa décadence, les reporta à tout le moins au rang de leurs guerriers. Les idées qu’elles possédaient, perdant du même coup, leur valeur absolue, subirent des modifications analogues. Les rois germaniques devinrent accessibles à des notions inconnues de leurs ancêtres. Ils furent extrêmement séduits par les formes et les résultats de l’administration romaine, et beaucoup plus portés à les développer et à les mettre en pratique que favorables aux institutions de leurs peuples. Celles-ci ne leur donnaient qu’une autorité précaire, difficile et fatigante à maintenir ; elles ne leur conféraient que des droits hérissés de restrictions. Elles leur imposaient à tous moments le devoir de compter avec leurs hommes, de prendre leurs avis, de respecter leurs volontés, de s’incliner devant leurs répugnances, leurs sympathies ou leurs préjugés. En chaque circonstance, il fallait que l’amalung des Goths ou le mérowing des Franks tâtât Topinion avant d’agir, se donnât la peine de la flatter, de la persuader, ou, s’il la violentait, redoutât des explosions qui étaient autorisées par la loi à ne considérer le régicide que comme le maximum du meurtre ordinaire. Beaucoup de peines,


(1) De là le respect dont étaient entourées certaines tribus royales : les Skillinga chez les Suédois, les Nibelungs, Franci nebulones, chez les Franks, les Herelinga, etc.


  1. (1) De là le respect dont étaient entourées certaines tribus royales : les Skillinga chez les Suédois, les Nibelungs, Franci nebulones, chez les Franks, les Herelinga, etc.