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dans la célébration des mariages (1)[1]. La résistance existait encore, chez certaines populations germanisées, dans le XVIe siècle (2)[2]. On n’y voulait considérer le lien conjugal que comme un contrat purement civil, où l’action religieuse n’avait pas à s’exercer.

En combattant cette bizarrerie, dont les causes laissent entrevoir une bien singulière profondeur, l’Église ne perdit rien de sa bienveillance pour les conceptions très nobles auxquelles elle était jointe. En les épurant, elle s’y prêta, et ne contribua pas peu à les conserver dans les générations successives où désormais les mélanges ethniques tendent à les faire disparaître, surtout chez les peuples du midi de l’Europe.

Arrêtons-nous ici. C’en est assez sur les mœurs, les opinions, les connaissances, les institutions des Arians Germains pour faire comprendre que dans un conflit avec la société romaine cette dernière devait finir par avoir le dessous. Le triomphe des peuples nouveaux était infaillible. Les conséquences en devaient être bien autrement fécondes que les victoires des légions sous Scipion, Pompée et César. Que d’idées, non pas nées d’hier, très antiques au contraire, mais depuis longtemps disparues des contrées du midi, et oubliées avec les nobles races qui jadis les avaient pratiquées, allaient reparaître dans le monde ! Que d’instincts diamétralement opposés à l’esprit hellénistique ! Vertus et vices, défauts et quahtés, tout dans les races arrivantes était combiné de façon à transformer la face de l’univers civilisé. Rien d’essentiel ne devait être dé-

(1) Les doubles mariages des Mérowings, qui produisaient régulièrement tous leurs effets civils, avaient lieu assurément sans la participation de l’Église. — Jusqu’au XVe siècle, il fut très difficile de faire accepter aux populations allemandes l’intervention d’un prêtre dans les cérémonies du mariage. Souvent même, lorsque sa présence fut requise, elle n’eut lieu qu’au milieu de la fête et sans qu’il fut question de se rendre à l’église. — On admit aussi la bénédiction ecclésiastique après la consommation du mariage. (Weinhold, ouvr. cité, p. 260.)

(2) On cite encore, en l551, un cas de mariage dans la haute bourgeoisie protestante où n’intervint aucune action religieuse. (Weinhold. ouvr. cité, p. 263.) — La bigamie de Philippe de Hesse pouvait se défendre à ce point de vue.


  1. (1) Les doubles mariages des Mérowings, qui produisaient régulièrement tous leurs effets civils, avaient lieu assurément sans la participation de l’Église. — Jusqu’au XVe siècle, il fut très difficile de faire accepter aux populations allemandes l’intervention d’un prêtre dans les cérémonies du mariage. Souvent même, lorsque sa présence fut requise, elle n’eut lieu qu’au milieu de la fête et sans qu’il fut question de se rendre à l’église. — On admit aussi la bénédiction ecclésiastique après la consommation du mariage. (Weinhold, ouvr. cité, p. 260.)
  2. (2) On cite encore, en l551, un cas de mariage dans la haute bourgeoisie protestante où n’intervint aucune action religieuse. (Weinhold. ouvr. cité, p. 263.) — La bigamie de Philippe de Hesse pouvait se défendre à ce point de vue.