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valaient la peine d’être considérés comme des compatriotes et non comme des demi-barbares, ils n’osèrent jamais contester à ces peuples un grand et brillant courage et une habileté soutenue dans l’art de la guerre. Ces nations peu estimées avaient encore un autre mérite dont on ne s’apercevait pas alors, et qui, plus tard, devait se rendre de lui-même remarquable : c’est que, tandis que la Grèce sémitique ne pouvait, au prix de torrents de sang, souder ensemble ses antipathiques nationalités éparses, les Macédoniens possédaient une cohésion et une force d’attraction qui s’exerçaient avec succès, et, de proche en proche, tendaient à agrandir la sphère de leur puissance en y incorporant les peuples voisins. Sur ce point, ils suivaient exactement, et par les mêmes motifs ethniques, la destinée de leurs parents, les Arians Iraniens, que nous avons vus réunir de même et concentrer les populations congénères avant de marcher à la conquête des États assyriens. Ainsi, le flambeau arian, j’entends le flambeau politique, brûlait réellement, bien que sans éclairs et sans éclats, dans les montagnes macédoniennes. En cherchant dans toute la Grèce, on ne le voit plus exister que là.

Je reviens au sud. Le pouvoir absolu de la patrie fut donc délégué à des corps aristocratiques, aux meilleurs des hommes, suivant l’expression grecque (1)[1], et ils l’exercèrent naturellement, comme ce pouvoir absolu et sans réplique pouvait être exercé, avec une âpreté digne de la côte d’Asie. Si les populations avaient encore été arianes, il en serait résulté de grandes convulsions, et, après un temps d’essai plus ou moins prolongé, la race aurait rejeté unanimement un régime mal fait pour elle. Mais la tourbe plus qu’à demi sémitique ne pouvait



(1) On les appelait aussi, comme chez nous, les gens bien nés, εὺπατριδαι. Ces nobles ont laissé quelques noms. On connaît encore les Codrides, les Médontides, les Alcméonides, les Géphyres d’Athènes, les Penthélides de Mitylène, les Basilides d’Erythrées, les Néléides de Milet, les Bacchiades de Corinthe, les Ctésippides d’Épidaure, les Eratides de Rhodes, les Hippotadées de Cos et de Cnide, les Aleuades de Larisse, les Opheltiades et les Kléonymides de Thèbes ; les Deucalionides, qui avaient régné à Delphes depuis l’arrivée de leur éponyme. (Mc. Cullagh, t. I, p. 15.)

  1. (1) On les appelait aussi, comme chez nous, les gens bien nés, εὺπατριδαι. Ces nobles ont laissé quelques noms. On connaît encore les Codrides, les Médontides, les Alcméonides, les Géphyres d’Athènes, les Penthélides de Mitylène, les Basilides d’Erythrées, les Néléides de Milet, les Bacchiades de Corinthe, les Ctésippides d’Épidaure, les Eratides de Rhodes, les Hippotadées de Cos et de Cnide, les Aleuades de Larisse, les Opheltiades et les Kléonymides de Thèbes ; les Deucalionides, qui avaient régné à Delphes depuis l’arrivée de leur éponyme. (Mc. Cullagh, t. I, p. 15.)