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conseil, impropres à l’action. Si, en outre, on admettait chez elles l’esprit divinatoire, on ne pouvait leur confier les fonctions sacerdotales, puisque le glaive de la loi y était joint. Cette exclusion était si absolue, que dans plusieurs temples les rites voulaient que le pontife portât les habits de l’autre sexe ; néanmoins c’était toujours un prêtre. Les Arians Germains n’avaient pu accepter qu’avec cette modification les cultes que leur avaient fait adopter les nations celtiques parmi lesquelles ils vivaient (1)[1].

Malgré ces restrictions et d’autres encore, l’influence des femmes germaines et leur situation dans la société étaient des plus considérables. Vis-à-vis de leurs pareilles de la Grèce et de Rome sémitisées, c’étaient de véritables reines en présence de serves, sinon d’esclaves. Quand elles arrivèrent avec leurs maris dans les pays du sud, elles se trouvèrent dans la meilleure des conditions pour transformer à l’avantage de la moralité générale les rapports de famille, et par suite la plupart des autres relations sociales. Le christianisme, qui, fidèle à son désintéressement de toutes formes et de toutes combinaisons temporelles, avait accepté la sujétion absolue de l’épouse orientale, et qui pourtant avait su ennoblir cette situation en y faisant entrer l’esprit de sacrifice, le christianisme, qui avait appris à sainte Monique à se faire de l’obéissance conjugale un échelon de plus vers le ciel, était loin de répugner aux notions nouvelles, et évidemment beaucoup plus pures, que les Arians Germains introduisaient. Néanmoins il ne faut pas perdre de vue ce que nous avons observé tout à l’heure. L’Église eut d’abord assez peu à se louer de l’esprit d’opposition qui animait les Germaines. Il sembla que les derniers instincts du paganisme se fussent retranchés dans les institutions civiles qui les concernaient. Sans parler de la chevalerie, dont les idées sur cette matière appelèrent souvent la réprobation des conciles, il est curieux de voir toute la peine qu’éprouve le clergé à faire accepter comme indispensable son intervention


(1) W. Muller, Altdeutsche Religion, p. 53. — Nerthus même avait un prêtre, et non une prêtresse.


  1. (1) W. Muller, Altdeutsche Religion, p. 53. — Nerthus même avait un prêtre, et non une prêtresse.