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gagner les héros, elle se retirait. C’est encore ainsi qu’on en use en Angleterre, le pays qui a le mieux conservé les débris des usages germaniques.

Retirées dans leur intérieur, les soins domestiques, les travaux de l’aiguille et du fuseau, la préparation des compositions pharmaceutiques, l’étude des runes, celle des compositions littéraires, l’éducation de leurs enfants, les entretiens intimes avec leurs époux, composaient aux femmes un cercle d’occupations qui ne manquait ni de variété ni d’importance. C’était dans le séjour particulièrement intime de la chambre nuptiale que ces sibylles de la famille rendaient leurs oracles écoutés du mari. Dans cette vie de confiance mutuelle, on jugeait que l’affection sérieuse et bien fondée sur le libre choix n’était pas de trop ; les filles avaient le droit de ne se marier qu’à leur convenance. C’était la règle ; et, lorsque la politique ou d’autres raisons la transgressaient, il n’était pas sans exemple que la victime apportât dans la demeure qu’on lui imposait une rancune implacable et n’y excitât de ces tempêtes qui finirent quelquefois, au dire de nombreuses légendes, par la ruine complète des plus puissantes familles, tant était grande et indomptable la fierté de l’épouse germanique.

Ce n’est pas à dire toutefois que les prérogatives féminines n’eussent leurs limites (1)[1]. S’il est plus d’un exemple de la participation des femmes aux travaux guerriers, la loi les tenait, en principe, pour incapables de défendre la terre (2)[2] ; par conséquent, elles n’héritaient pas de l’odel. Encore moins pouvaient-elles prétendre à être substituées aux droits de leurs époux défunts sur les féods (3)[3]. On les croyait propres au

(1) La considération vouée aux femmes était plus religieuse que civile, plus passive qu’active. On les jugeait faibles de corps et grandes par l’esprit. On les consultait, mais on ne leur confiait pas l’action. (Weinhold, p. 149.)

(2) Weinhold cite, d’après Luitprand et Jornandés, une foule de cas où les femmes germaniques prenaient les armes. (Ouvr. cité, p. 42.)

(3) La notion germanique sur l’exercice des droits politiques était que celui-là seul y était admis qui pouvait remplir tous les devoirs de la communauté. La loi excluait donc les enfants, les esclaves, les vaincus et les femmes, tous par des causes inhérentes à leur situation. (Weinhold, ouvr. cité, p. 120.)


  1. (1) La considération vouée aux femmes était plus religieuse que civile, plus passive qu’active. On les jugeait faibles de corps et grandes par l’esprit. On les consultait, mais on ne leur confiait pas l’action. (Weinhold, p. 149.)
  2. (2) Weinhold cite, d’après Luitprand et Jornandés, une foule de cas où les femmes germaniques prenaient les armes. (Ouvr. cité, p. 42.)
  3. (3) La notion germanique sur l’exercice des droits politiques était que celui-là seul y était admis qui pouvait remplir tous les devoirs de la communauté. La loi excluait donc les enfants, les esclaves, les vaincus et les femmes, tous par des causes inhérentes à leur situation. (Weinhold, ouvr. cité, p. 120.)