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L’épouse germanique apparaît, dans les traditions, comme un modèle de majesté et de grâce, mais de grâce imposante. On ne la confinait pas dans une solitude jalouse et avilissante ; l’usage voulait, au contraire, que, lorsque le chef de famille traitait des hôtes illustres, sa compagne, entourée de ses filles et de ses suivantes, toutes richement vêtues et parées, vînt honorer la fête de sa présence. C’est avec un enthousiasme bien caractéristique que des scènes de ce genre sont décrites par les poètes (l)[1].

« Le plaisir des héros était au comble, a chanté l’auteur de Beowulf. La grand’salle retentissait de paroles bruyantes. Alors entra Wealthéow, l’épouse de Hrôdhgâr. Gracieuse pour les hommes de son mari, la noble créature, ornée d’or, salua gaiement les guerriers attablés. Puis, charmante femme, elle offrit d’abord la coupe au protecteur des odels danois et avec d’aimables paroles l’encouragea à se réjouir et à bien traiter ses fidèles.

« Le chef magnanime saisit joyeusement la coupe. Puis la fille des nobles Helmings salua, à la ronde, ceux des convives, jeunes ou vieux, à qui leur valeur avait mérité d’illustres dons ; enfin, elle s’arrêta, la belle souveraine, couverte de bracelets et de chaînes précieuses, la généreuse dame, devant le siège de Beowulf. Elle salua en lui le soutien des Goths et lui versa la bière. Pleine de sagesse, elle prit le ciel à témoin des vœux qu’elle formait pour lui, car elle n’avait foi que dans ce champion valeureux pour punir les crimes de Grendel (2)[2]. »

Après avoir accompli ses devoirs de courtoisie, la maîtresse du logis s’asseyait auprès de son époux et se mêlait aux entretiens. Mais avant que le banquet n’arrivât à sa période la plus animée, et quand les fumées de l’ivresse commençaient à ga-


de Rome par Alaric, un Goth de grande naissance, ayant violé la fille d’un Romain, fut condamné à mort, malgré la résistance du roi, et exécuté. (Kemble, t. I, p. 190.)

(1) Ettmuller, Beowulfslied, Einl., p. XLVII.

(2) Kemble, The anglo-saxon Poem of Beowulf, v. 1215 et seqq., n. 43-45.


  1. (1) Ettmuller, Beowulfslied, Einl., p. XLVII.
  2. (2) Kemble, The anglo-saxon Poem of Beowulf, v. 1215 et seqq., n. 43-45.