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les défauts hétérodoxes ; et ces dispositions mutines persistèrent si bien chez elles, que, longtemps après avoir renoncé au culte de Wodan et de Freya, elles restèrent les dépositaires attitrées des chants des scaldes. Jusque sous les voûtes bénies des monastères, elles maintenaient cette habitude réprouvée, et un concile de 789 ne put même réussir, en fulminant les défenses les plus absolues et les menaces les plus effrayantes, à empêcher d’indisciplinables épouses du Seigneur de transcrire, d’apprendre par cœur et de faire circuler ces œuvres antiques qui ne respiraient que les louanges et les conseils du panthéon Scandinave (1)[1].

La puissance des femmes dans une société est un des gages les plus certains de la persistance des éléments arians. Plus cette puissance est respectée, plus on est en droit de déclarer la race qui s’y montre soumise rapprochée des vrais instincts de la variété noble ; or, les Germaines n’avaient rien à envier à leurs sœurs des branches antiques de la famille (2)[2].

La plus ancienne dénomination que leur applique la langue gothique est quino ; c’est le corrélatif du grec gunè. Ces deux mots viennent d’un radical commun, gen, qui signifie enfanter {3)[3]. La femme était donc essentiellement, aux yeux des Arians primitifs, la mère, la source de la famille, de la race, et de là provenait la vénération dont elle était l’objet. Pour les deux autres variétés humaines et beaucoup de races métisses en décadence, bien que fort civilisées, la femme n’est que la femelle de l’homme.

(1) Weinhold, ouvr. cité, p. 91. — Les canons de Chalcédoine avaient défendu aux femmes de s’approcher de l’autel et d’y remplir aucune fonction. Le pape Gélase renouvela cette interdiction dans ses décrétales, à cause des manquements fréquents qu’y faisaient les populations germanisées.

(2) Une marque singulière de la puissance que les races germaniques prêtaient aux femmes s’est empreinte dans cette tradition très tardive que Charlemagne, abattu par la défaite de Roncevaux, leva, d’après le conseil d’un ange, une armée de cinquante-trois mille vierges, auxquelles les païens n’osèrent résister. (Weinhold, ouvr. cité, p. 44.)

(3) Gothique : ginan, genûm, gen ; c’est le latin gignere, et le grec gennan, gunè. C’est un radical fort ancien.


  1. (1) Weinhold, ouvr. cité, p. 91. — Les canons de Chalcédoine avaient défendu aux femmes de s’approcher de l’autel et d’y remplir aucune fonction. Le pape Gélase renouvela cette interdiction dans ses décrétales, à cause des manquements fréquents qu’y faisaient les populations germanisées.
  2. (2) Une marque singulière de la puissance que les races germaniques prêtaient aux femmes s’est empreinte dans cette tradition très tardive que Charlemagne, abattu par la défaite de Roncevaux, leva, d’après le conseil d’un ange, une armée de cinquante-trois mille vierges, auxquelles les païens n’osèrent résister. (Weinhold, ouvr. cité, p. 44.)
  3. (3) Gothique : ginan, genûm, gen ; c’est le latin gignere, et le grec gennan, gunè. C’est un radical fort ancien.