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comme, par exemple, le sanglier mystique de Freya (1)[1]. La plus grande partie de ce palais était occupée par une vaste salle, ornée de trophées et dont une table immense occupait le milieu.

C’était là que l’Arian Germain recevait ses hôtes, rassemblait sa famille, rendait la justice, sacrifiait aux dieux, donnait ses festins, tenait conseil avec ses hommes et leur distribuait ses présents. Quand, la nuit venue, il se retirait dans les appartements intérieurs, c’était là que ses compagnons, ranimant la flamme du foyer, se couchaient sur les bancs qui entouraient les murailles, et s’endormaient la tête appuyée sur leurs boucliers (2)[2].

On est sans doute frappé par la ressemblance de cette demeure somptueuse, de ses grandes colonnes, de ses toits élevés et ornés, de ses larges dimensions, avec les palais décrits dans l’Odyssée et les résidences royales des Mèdes et des Perses. En effet, les nobles manoirs des Achéménides étaient toujours situés en dehors des villes de l’Iran et composés d’un groupe de bâtiments affectés aux mêmes usages que les dépendances des palais germaniques. On y logeait également tous les ouvriers ruraux du domaine, une foule d’artisans, selliers, tisserands, forgerons, orfèvres, et jusqu’à des poètes, des médecins et des astrologues. Ainsi, les châteaux des Arians Germains décrits par Tacite, ceux dont les poèmes teutoniques parlent avec tant de détails, et, plus anciennement encore, la divine Asgard des bords de la Dwina, étaient l’image de l’iranienne Pasagard, au moins dans les formes générales, sinon dans la perfection de l’œuvre artistique (3)[3], ni dans la valeur

(1) Tacite (Germ., 45) parle de ce sanglier ; l’Edda de même, dans le Hyndluliodh, st. 5. — On appelait cette figure emblémalique hildisvin ou hildigœltr, le porc des combats. (Ettmuller, ouvr. cité, introd., p. 49.) — Charlemagne avait fait mettre un aigle sur le faîte de son palais impérial d’Aix-la-Chapelle.

(2) Weinhold, Die deutsche Frauen im Mittelalt., p. 348-349.

(3) On a, dans les descriptions qui nous restent d’Ecbatane et de son palais, l’exacte reproduction d’une demeure ariane de l’extrême nord de l’Europe au VIe siècle. Rien ne manque au portrait : l’édifice médique était de bois, formé de grandes salles reposant sur des piliers peints de couleurs variées ; il n’y manque pas même les frises de mé-


  1. (1) Tacite (Germ., 45) parle de ce sanglier ; l’Edda de même, dans le Hyndluliodh, st. 5. — On appelait cette figure emblémalique hildisvin ou hildigœltr, le porc des combats. (Ettmuller, ouvr. cité, introd., p. 49.) — Charlemagne avait fait mettre un aigle sur le faîte de son palais impérial d’Aix-la-Chapelle.
  2. (2) Weinhold, Die deutsche Frauen im Mittelalt., p. 348-349.
  3. (3) On a, dans les descriptions qui nous restent d’Ecbatane et de son palais, l’exacte reproduction d’une demeure ariane de l’extrême nord de l’Europe au VIe siècle. Rien ne manque au portrait : l’édifice médique était de bois, formé de grandes salles reposant sur des piliers peints de couleurs variées ; il n’y manque pas même les frises de métal au sommet des murs, ni les plaques argentées et dorées pour former la toiture. Ce genre de construction, opposé à celui de Persépolis et des villes de l’époque sassanide, qui sont, l’un et l’autre, des imitations assyriennes, est essentiellement arian. (Polybe, X, 24, S7.) — Cet auteur était tellement ébloui de la splendeur, de la richesse et de l’étendue (sept stades de tour) du palais d’Ecbatane, qu’il proteste d’avance contre ce que son récit peut avoir de semblable au fabuleux.