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administrative, des généraux en disponibilité. Tout ce que le sentiment public pouvait leur accorder, c’était une part égale du respect qu’obtenait la noblesse du sang, bien qu’ils ne l’eussent pas tous ; mais on n’était nullement tenté de leur donner un commandement sur la population. Aussi fut-il très difficile à la monarchie militaire, qui est la monarchie moderne, issue des chefs de guerre germaniques, de s’établir dans les qays Scandinaves. Elle n’y parvint qu’à force de temps et de luttes, et après avoir éliminé la foule des rois, au sein de laquelle elle était comme noyée, rois de terre, rois de mer, rois des bandes.

Les choses se passèrent tout autrement dans les pays de conquête, comme la Gaule et l’Italie. La qualité de jarl ou d’ariman, ce qui est tout un, n’étant plus soutenue là par les formes libres du gouvernement national, ni rehaussée par la possession de l’odel, fut rapidement abaissée sous le fait de la royauté militaire, qui gouvernait les populations vaincues et commandait aux Arians vainqueurs. Donc, le titre d’ariman (1)[1], au lieu d’augmenter d’importance comme en Scandinavie, s’abaissa, et ne s’appliqua bientôt plus qu’aux guerriers de naissance libre, mais d’un rang inférieur, les rois s’étant entourés d’une façon plus immédiate de leurs plus puissants compagnons, des hommes formant ce qu’ils nommaient leur truste, de leurs fidèles, tous gens qui, sous le nom de leudes, ou possesseurs d’odels, domaines fictivement constitués suivant l’ancienne forme par la volonté du souverain, représentaient seuls et exclusivement la haute noblesse. Chez les Franks, les Burgondes, les Longobards, l’ariman, ou, suivant la traduction latine, le bonus homo, en arriva à ne plus être qu’un simple propriétaire rural  ; et pour empêcher le seigneur du fief de réduire en servage le représentant légal, mais non plus ethnique, des anciens Arians, il fallut l’autorité de plus d’un concile, qui d’ailleurs ne prévalut pas toujours contre la force des circonstances.


(1) Chez les Anglo-Saxons, on disait sokeman. (Palsgrave, ouvr. cité, t. l, p. 15.)


  1. (1) Chez les Anglo-Saxons, on disait sokeman. (Palsgrave, ouvr. cité, t. l, p. 15.)