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Celtes ou Jotuns (1)[1] ; puis les traëlls, les esclaves, race basanée et difforme, dans laquelle il est impossible de ne pas reconnaître les Finnois (2)[2].

Ces trois classes, formées aussi spontanément, aussi nécessairement dans les États germains que chez les anciens Hellènes, composèrent d’abord la société tout entière ; mais les mélanges, promptement opérés, firent naître des hybrides nombreux  ; la liberté que les mœurs germaniques donnaient aux karls de marcher à la guerre, et, par suite, de s’enrichir, profita aux métis que cette classe de paysans avait produits en s’ alliant à la classe dominatrice  ; et tandis que la race pure, exposée surtout aux hasards des batailles, tendait à diminuer de nombre dans la plupart des tribus, et à se limiter aux familles qu’on nommait divines, et parmi lesquelles l’usage permettait seul de choisir les drottinns et les graffs, les demi-Germains voyaient sortir de leurs rangs d’innombrables chefs riches, vaillants, éloquents, populaires, et qui, libres de proposer à leurs concitoyens des plans d’expéditions et des projets d’aventures, ne trouvaient pas moins de compagnons prêts à les écouter que le pouvaient des héros d’une extraction plus noble. Il en advint des résultats de toute espèce, les plus divergents, les plus disparates, mais tous également faciles à comprendre. Dans certaines contrées, où la pureté de descendance, toujours estimée, était devenue extrêmement rare, le titre de jarl prit une valeur énorme, et finit par se confondre avec celui de konuugr ou de roi ; mais là encore ce dernier fut rapidement égalé par les qualifications, d’abord fort modestes, de fylkir et de hersir, qui n’avaient été portées au début que par des capitaines d’un rang inférieur. Ce mode de confusion eut lieu en Scandinavie, et à l’ombre du gouvernement vraiment régulier, suivant le sens de la race, des anciens drottinns. Là, sur ce terrain, essentiellement arian, les jarls, les kouungrs, les fylkirs, les hersirs n’étaient en fait que des héros sans emplois et, comme on dirait dans notre langue

(1) Rigsmal, st. 14-18.

(2) Ibid., st. 2-7.


  1. (1) Rigsmal, st. 14-18.
  2. (2) Ibid., st. 2-7.