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Il semblerait que le féod, récompense des travaux de la guerre, preuve éclatante d’un courage heureux, ait eu tout ce qu’il fallait pour se concilier les faveurs de l’opinion chez des races belliqueuses et fort sensibles au gain ; il n’en était cependant pas ainsi. Le service militaire à la solde d’un chef répugnait à beaucoup d’hommes, et surtout à ceux de haute naissance. Ces esprits arrogants trouvaient de l’humiliation à recevoir des dons de la main de leurs égaux, et quelquefois même de ceux qu’ils considéraient comme leurs inférieurs en pureté d’origine. Tous les profits imaginables ne les aveuglaient pas non plus sur l’inconvénient de laisser suspendre pour un temps, sinon de perdre pour toujours, l’action plénière de leur indépendance. Quand ils n’étaient pas appelés à commander eux-mêmes, par une incapacité d’une nature quelconque, ils préféraient ne prendre part qu’aux expéditions vraiment nationales ou à celles qu’ils se sentaient en état d’entreprendre avec les seules forces de leur odel.

Il est assez curieux de voir ce sentiment devancer l’arrêt sévère d’un savant historien qui, dans sa haine sentie envers les races germaniques, se fonde principalement sur les conditions du service militaire, et s’en autorise pour refuser aux Goths d’Hermanrik, comme aux Franks des premiers Mêrowings, toute notion véritable de liberté politique. Mais il ne l’est pas moins assurément de voir les Anglo-Saxons d’aujourd’hui, ce dernier rameau, bien défiguré il est vrai, mais encore ressemblant quelque peu aux antiques guerriers germains, les habitants indisciplinés du Kentucky et de l’Alabama, braver tout à la fois le verdict de leurs plus fiers aïeux et celui du savant éditeur du Polyptique d’Irminon. Sans croire porter la moindre atteinte à leurs principes de sauvage républicanisme,


Burgondes furent des plus durs. Ils voulurent avoir la moitié de la maison et du jardin, les deux tiers de la terre cultivable, un tiers des esclaves ; les forêts restèrent en commun. Le Romain fut qualifié hospes du Burgonde. Tout guerrier doté ailleurs par le roi dut abandonner à son hôte la terre à laquelle il avait droit, et, s’il voulait vendre ce qui lui appartenait du fonds, l’hôte était le premier acquéreur légal. (Ibid., p. 254 et seqq.)