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avait encore prise de possession d’une contrée, le principe des générosités recevait nécessairement des applications différentes. En effet, le pays conquis prenait le nom de rik, c’est-à-dire pays gouverné absolument, pays soumis ; titre que les territoires vraiment arians, les pays à odels, se faisaient un point d’honneur de repousser, se considérant comme essentiellement libres (1)[1]. Dans le rik, les populations vaincues étaient entièrement placées sous la main du chef de guerre (2)[2], qui se parait de la qualification de konungr, titre militaire, gage d’une autorité qui n’appartenait ni au drottinn ni au graff, et dont les souverains de l’extrême Nord n’osèrent s’emparer que très tard, car ils gouvernaient des provinces qui, n’ayant pas été acquises par le glaive à leur couronne, ne leur donnaient pas le droit de le prendre.

Le konungr donc, le könig allemand, le king anglo-saxon, le roi, pour tout dire (3)[3], dans son obligation étroite de faire participer ses hommes à tous les avantages qu’il recueillait lui-même, leur concédait des biens-fonds. Mais comme les guerriers ne pouvaient emporter avec eux ce genre de présents, ils n’en jouissaient qu’aussi longtemps qu’ils restaient fidèles à leur conducteur, et cette situation comportait pour leur qualité de propriétaires toute une série de devoirs étrangers à la constitution de l’odel.

Le domaine ainsi possédé à condition s’appelait feod. Il offrait plus d’avantages que la première forme de tenure pour


(1) La Norwège n’a jamais porte le titre de rik, ni l’Islande non plus, tandis qu’il y avait eu le Gardarike et que toutes les conquêtes germaniques dans le reste de l’Europe portèrent cette dénomination. (Munch, ouvr. cité, p. 112 et note 2.)

(2) Savigny, D. Rœm. Recht im Mittelalter, 1. 1, p. 220.

(3) Il ne faut cependant pas perdre de vue que ce roi n’avait nullement la physionomie du roi celtique ou italiote, bien qu’il ressemblât un peu mieux au basileus macédonien des époques antérieures à Alexandre. Un roi, dans le poème de Boewulf, s’appelle : folces hyrde, pasteur du peuple, comme dans l’Iliade. (Kemble, The anglo-saxon Poem of Beowulf, v. 1213, p. 44.) — Le theodr gothique et l’anglo-saxon theoden signifient de même celui qui mène le peuple. Ce sont autant de titres militaires, plutôt qu’administratifs.


  1. (1) La Norwège n’a jamais porte le titre de rik, ni l’Islande non plus, tandis qu’il y avait eu le Gardarike et que toutes les conquêtes germaniques dans le reste de l’Europe portèrent cette dénomination. (Munch, ouvr. cité, p. 112 et note 2.)
  2. (2) Savigny, D. Rœm. Recht im Mittelalter, 1. 1, p. 220.
  3. (3) Il ne faut cependant pas perdre de vue que ce roi n’avait nullement la physionomie du roi celtique ou italiote, bien qu’il ressemblât un peu mieux au basileus macédonien des époques antérieures à Alexandre. Un roi, dans le poème de Boewulf, s’appelle : folces hyrde, pasteur du peuple, comme dans l’Iliade. (Kemble, The anglo-saxon Poem of Beowulf, v. 1213, p. 44.) — Le theodr gothique et l’anglo-saxon theoden signifient de même celui qui mène le peuple. Ce sont autant de titres militaires, plutôt qu’administratifs.