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tirant vers la côte de la Baltique, sont les principales tribus des Gètes métis ; à l’ouest, entre la Suède méridionale et la côte de l’Océan du Nord, les Lapons, un peu partout, des Wendes et des Celtes, justement confondus les uns avec les autres. Les connaissances positives de l’époque ne permettent pas d’ajouter rien. Mais les cosmographes nationaux, dans le travail de leurs idées, ne s’en tinrent pas à ces anciennes notions ; ils voulurent avoir neuf climats, neuf divissas, neuf kischwers, au lieu de sept qu’avaient connus leurs ancêtres, et, pour atteindre à ce chiffre, ils imaginèrent deux cieux nouveaux, placés au-dessus de celui des dieux, et les nommèrent, l’un Liôsâlfraheimz ou Andlanger, l’autre Vidhblacên (1)[1]. Tous deux sont peuplés de nains lumineux. Cette conception serait absolument arbitraire et inutile, si elle ne se fondait pas, en quelque chose, sur la distinction que les plus anciens Arians de la haute Asie paraissent avoir faite entre l’atmosphère immédiate du globe et le ciel proprement dit, l’empyrée, où se meuvent les astres (2)[2].

Telles étaient les opinions que l’Arian Germain entretenait sur les objets de considération les plus élevés. Il y puisait sans peine une haute idée de lui-même et de son rôle dans la création, d’autant plus qu’il s’y contemplait non seulement comme un demi-dieu, mais comme un possesseur absolu d’une portion de ce Mitgardhz, ou terre du milieu, que la nature lui avait assigné pour demeure. Il avait constitué sa propriété foncière d’une manière toute conforme à ses fiers instincts. Deux modes de propriété étaient chez lui en usage.

Le plus ancien incontestablement est celui dont il avait apporté l’idée constitutive de la haute Asie, c’était l’odel (3)[3]. Ce

(1) W. Muller, ouvr cité, p. 163.

(2) Lorsque les doctrines Scandinaves auront été comparées plus rigoureusement qu’on ne l’a fait encore aux idées iraniennes, on reconnaîtra sans doute que de grands rapports unissent les habitants célestes du Liôsâlfraheimz et du Adlanger aux Ireds et aux Amschespends du Zend-Avesta.

(3) Ce mot est un des plus anciens qui se puissent trouver, et la notion qu’il représente est vieille comme lui. C’est l’ædes latin. — Voir, pour les différentes formes et significations dans les langues gothiques,


  1. (1) W. Muller, ouvr cité, p. 163.
  2. (2) Lorsque les doctrines Scandinaves auront été comparées plus rigoureusement qu’on ne l’a fait encore aux idées iraniennes, on reconnaîtra sans doute que de grands rapports unissent les habitants célestes du Liôsâlfraheimz et du Adlanger aux Ireds et aux Amschespends du Zend-Avesta.
  3. (3) Ce mot est un des plus anciens qui se puissent trouver, et la notion qu’il représente est vieille comme lui. C’est l’ædes latin. — Voir, pour les différentes formes et significations dans les langues gothiques, Dieffenbach, Vergleichendes Wœrterbuch der gothischen Sprache, 1. 1, p. 56.