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Lorsqu’on modifia cet état de choses, le prêtre germanique n’exerça d’action que pour l’ensemble de la tribu. Il ne fut d’ailleurs jamais que ce qu’avait été le purohita chez les Arians Hindous, dans les temps antévédiques. Il ne forma pas une caste distincte comme les brahmanes, un ordre puissant comme les druides, et, non moins sévèrement exclu des fonctions de la guerre, il ne lui fut pas laissé la moindre possibilité de dominer, ni même de diriger l’ordre social. Toutefois, par un sentiment empreint d’une haute et profonde sagesse, à peine les Arians eurent-ils reconnu des prêtres publics qu’ils leur confièrent les plus imposantes fonctions civiles, en les chargeant de maintenir l’ordre dans les assemblées politiques et d’exécuter les arrêts de la justice criminelle. De là chez ces peuples ce qu’on a appelé les sacrifices humains (1)[1].

Le condamné, après avoir entendu sa sentence, était retranché de la société et livré au prêtre, c’est-à-dire au dieu. Une main sacrée, lui infligeant le dernier supplice, apaisait sur lui la colère céleste. Il tombait, non pas tant parce qu’il avait offensé l’humanité que parce qu’il avait irrité la divinité protectrice du droit. Le châtiment se trouvait de la sorte moins honteux pour la dignité de l’Arian et, il faut l’avouer, plus moral que ne le rendent nos coutumes juridiques, où un homme est égorgé simplement en compensation d’en avoir égorgé un autre, ou, suivant une opinion plus étroite encore, simplement pour le forcer de s’en tenir là (2)[2].


superstitieuses se développèrent, avec le temps, d’une façon très surabondante. En même temps qu’il y eut chez les Goths, chez les Thuringiens, chez les Burgondes, chez les Anglo-Saxons, des grands prêtres, qui finiront même par exercer une certaine action politique, principalement chez les Burgondes, il y eut aussi des devins, des sorciers, des enchanteurs, des schamans de toute espèce. Les uns expliquaient les songes, les autres pénétraient l’avenir au moyen de cordes nouées. On appelait ces derniers caragni, du gallois carai, une cordelette. (W. Muller, ouvr. cité, p. 83.) Mais tout cela ne concerne pas les nations germaniques.

(1) W. Muller, ouvr. cité, p. 52.

(2) Les sacrifices humains sont attestés, par des témoignages positifs chez les Goths, chez les Hérules, chez les Saxons, chez les Frisons, chez les Thuringiens, chez les Franks, à l’époque où ces derniers


  1. (1) W. Muller, ouvr. cité, p. 52.
  2. (2) Les sacrifices humains sont attestés, par des témoignages positifs chez les Goths, chez les Hérules, chez les Saxons, chez les Frisons, chez les Thuringiens, chez les Franks, à l’époque où ces derniers étaient déjà chrétiens. (W. Muller, ouvr. cité, p. 75-79.) — Le sacrifice des chevaux était aussi, dans la plus ancienne époque germanique, comme l’asvamédha, chez les Arians Hindous, une des cérémonies du culte les plus solennelles et les plus méritoires.