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Mais des alliances avec les métis européens leur firent accepter plus tard, en tout ou en partie, le panthéon matériel des Slaves et des Celtes. Ils devinrent alors idolâtres. Chez les Suèves, ils admirent le culte sauvage de la déesse Nerthus et apprirent à promener, une fois l’an, sa statue voilée dans un char (1)[1]. Le sanglier de Freya, symbole favori des Galls, fut adopté par la plupart des nations germaniques, qui en surmontèrent le cimier de leurs casques, et le firent briller sur les pignons de leurs palais. Jadis, dans les époques purement arianes, les Germains n’avaient pas même connu les temples. Ils finirent par en avoir, où ils entassèrent des idoles monstrueuses (2)[2]. Comme il était arrivé aux anciens Kymris, il leur fallut complaire, à leur tour, aux instincts les plus tenaces des races inférieures au milieu desquelles ils s’étaient établis (3)[3].

Il en fut de même pour les formes du culte, cependant avec plus de mesure dans la dégénération. Primitivement l’Arian Germain était à lui-même son prêtre unique, et même longtemps après qu’on eut institué des pontifes nationaux, chaque guerrier conserva dans ses foyers la puissance sacerdotale (4)[4]. Elle resta même annexée à la propriété foncière, et l’aliénation d’un domaine entraîna celle du droit d’y sacrifier (5)[5].

(1) Tous les cultes indiqués par les écrivains romains portent la trace et révèlent la puissance de l’influence celtique. Nerthus, mater deum, se retrouve dans le gallois nerth, force, secours, et dans le gaélique neart, qui a le même sens. — L’usage de consacrer des îles principalement comme sanctuaires est tout à fait celtique. (W. Muller, ouvr. cité, p. 37.) Cet auteur signale chez les Danois des usages religieux d’origine slave (p. 37). — L’Isis dont parle Tacite, et qu’il s’étonne de trouver chez les Suèves, c’était Hésu ou Hu, divinité celtique par excellence. (Tac, Germ., 9.)

(2) Adam de Brème parle d’une statue de Wodan, qui se trouvait de son temps dans le temple d’Upsala. (W. Muller, p. 195.)

(3) Il arriva même que tel dieu considéré en Scandinavie comme des plus puissants, Wodan, par exemple, fui à peu près inconnu chez les tribus demi-germanisées du sud de l’Allemagne. Les Bavarois ne le connaissaient pas, ou, pour mieux dire, ce qu’ils avaient de germanique dans leur sang ne l’avait pas conservé. (W. Muller, p. 76.)

(4) W. Muller, ouvr. cité, p. 52, 81, 83.

(5) Sous l’influence celtique, slave et finnique, les fonctions et, comme on dirait aujourd’hui, les spécialités religieuses ou seulement


  1. (1) Tous les cultes indiqués par les écrivains romains portent la trace et révèlent la puissance de l’influence celtique. Nerthus, mater deum, se retrouve dans le gallois nerth, force, secours, et dans le gaélique neart, qui a le même sens. — L’usage de consacrer des îles principalement comme sanctuaires est tout à fait celtique. (W. Muller, ouvr. cité, p. 37.) Cet auteur signale chez les Danois des usages religieux d’origine slave (p. 37). — L’Isis dont parle Tacite, et qu’il s’étonne de trouver chez les Suèves, c’était Hésu ou Hu, divinité celtique par excellence. (Tac, Germ., 9.)
  2. (2) Adam de Brème parle d’une statue de Wodan, qui se trouvait de son temps dans le temple d’Upsala. (W. Muller, p. 195.)
  3. (3) Il arriva même que tel dieu considéré en Scandinavie comme des plus puissants, Wodan, par exemple, fui à peu près inconnu chez les tribus demi-germanisées du sud de l’Allemagne. Les Bavarois ne le connaissaient pas, ou, pour mieux dire, ce qu’ils avaient de germanique dans leur sang ne l’avait pas conservé. (W. Muller, p. 76.)
  4. (4) W. Muller, ouvr. cité, p. 52, 81, 83.
  5. (5) Sous l’influence celtique, slave et finnique, les fonctions et, comme on dirait aujourd’hui, les spécialités religieuses ou seulement superstitieuses se développèrent, avec le temps, d’une façon très surabondante. En même temps qu’il y eut chez les Goths, chez les Thuringiens, chez les Burgondes, chez les Anglo-Saxons, des grands prêtres, qui finiront même par exercer une certaine action politique, principalement chez les Burgondes, il y eut aussi des devins, des sorciers, des enchanteurs, des schamans de toute espèce. Les uns expliquaient les songes, les autres pénétraient l’avenir au moyen de cordes nouées. On appelait ces derniers caragni, du gallois carai, une cordelette. (W. Muller, ouvr. cité, p. 83.) Mais tout cela ne concerne pas les nations germaniques.