Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partant d’excitations au mal, qu’il est plus intelligent. Il semblerait donc naturel que ses mauvais instincts augmentassent en raison directe de la nécessité de briser plus d’obstacles pour arriver à un état de satisfaction. Mais, par un heureux retour, il n’en est pas ainsi. La raison, plus perfectionnée en même temps qu’elle vise plus haut et est plus exigeante, éclaire la créature qu’elle conduit sur les inconvénients matériels d’un abandon trop absolu à toutes les suggestions de l’intérêt. La religion, même imparfaite ou fausse, que cet être conçoit toujours d’une façon quelque peu élevée, lui interdit de céder en toute occasion à ses penchants destructeurs.

C’est ainsi que l’Arian est toujours sinon le meilleur des hommes au point de vue de la pratique morale, du moins le plus éclairé sur la valeur intrinsèque en ce genre des actes qu’il commet. Ses idées dogmatiques sont toujours en cette matière les plus développées et les plus complètes, bien que dépendant étroitement de l’état de sa fortune. Tant qu’il est le jouet d’une situation trop précaire, son corps reste cuirassé et son cœur de même ; dur envers sa propre personne, rien de moins étonnant qu’il soit impitoyable pour autrui, et c’est dans cette donnée inflexible qu’il pratique cette justice dont Hérodote vantait l’intégrité chez le Scythe belliqueux. Le mérite consiste ici dans la loyauté avec laquelle est acceptée une loi d’ailleurs si féroce peut-être, et qui ne s’adoucit que dans la proportion où l’atmosphère sociale ambiante réussit elle-même à se tempérer.

L’Arian est donc supérieur aux autres hommes, principalement dans la mesure de son intelligence et de son énergie ; et c’est par ces deux facultés que, lorsqu’il parvient à vaincre ses passions et ses besoins matériels, il lui est également donné d’arriver à une moralité infiniment plus haute, bien que, dans le cours ordinaire des choses, on puisse relever chez lui tout autant d’actes répréhensibles que chez les individus des deux autres espèces inférieures.

Cet Arian se présente maintenant à notre observation dans le rameau occidental de sa famille, et là il nous apparaît aussi vigoureusement bâti, aussi beau d’aspect, aussi belliqueux de