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arians, ils emportèrent de puissantes garanties de force et de durée pour l’empire qu’ils allaient fonder. Cependant, sur le dernier point, plus favorisés que les Vandales, que les Longobards, que les Bourguignons, et même que les Goths, ils le furent moins que les Saxons, et, s’ils eurent plus d’éclat, ils leur cédèrent en longévité. Ceux-ci ne furent jamais portés par leurs conquêtes extérieures dans les parties vives du monde romain (1)[1]. En conséquence, ils n’eurent pas de contact avec les races les plus mélangées, les plus anciennement cultivées, mais aussi les plus affaiblissantes. A peine peut-on les compter au nombre des peuples envahisseurs de l’empire, bien que leurs mouvements aient commencé presque en même temps que ceux des Franks. Leurs principaux efforts se portèrent sur l’est de l’Allemagne et sur les îles bretonnes de l’Océan occidental. Ils ne contribuèrent donc nullement à régénérer les masses romaines. Ce défaut de contact avec les parties vives du monde civilisé, qui les priva d’abord de beaucoup d’illustration, leur a été avantageux au plus haut degré. Les Anglo-Saxons représentent, parmi tous les peuples sortis de la péninsule Scandinave, le seul qui, dans les temps modernes, ait conservé une certaine portion apparente de l’essence ariane. C’est le seul qui, à proprement parler, vive encore de nos jours. Tous les autres ont plus ou moins disparu, et leur influence ne s’exerce plus qu’à l’état latent.

Dans le tableau que je viens de tracer, j’ai laissé de côté les détails. Je ne me suis pas arrêté à décrire les innombrables petits groupes qui, toujours en mouvement, sans cesse traversant et retraversant les voies des masses plus considérables,


Mais l'élément celtique n’en avait pas moins été très fortement affaibli chez cette nation par les mélanges d’autre nature qu’avaient apportés les Romains. (Dieffenbach, Celtica I, p. 68.) Les Sicambres, dont le nom joue un rôle dans nos premières annales, étaient nécessairement germanisés à un très haut point, leur situation géographique le voulant ainsi. Cependant leur nom est celtique et rappelle celui des Segobrigi, nation qui très anciennement était connue de la colonie phocéenne de Marseille. Ce nom parait signifier les illustres Ambres ou Kymris.

(1) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. xxxiv.


  1. (1) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. xxxiv.