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une grande prépondérance dans l’histoire des territoires gaulois postérieurement au Ve siècle. Toutefois, aucune des généalogies divines que l’on possède aujourd’hui ne les mentionne et ne permet de les rattacher à Odin, circonstance essentielle cependant, au gré des nations germaniques, pour fonder les droits à la royauté, et que remplirent, aussi bien que les Amalungs gothiques, les Skildings danois, les Astings suédois, et toutes les dynasties de l’heptarchie anglo-saxonne (1)[1]. Malgré ce silence des documents, il n’y a pas à douter, en voyant la prééminence incontestée des Mérowings parmi les Franks, et la gloire de cette nation, que l’origine divine, la descendance odinique, autrement dit la condition de pureté ariane, ne faisait pas défaut à cette famille de rois, et que c’est uniquement par l’effet destructeur des temps que ses titres ne sont pas venus jusqu’à nous.

Les Franks étaient descendus assez promptement sur le Rhin inférieur, où le poème de Beowulf les montre en possession des deux rives du fleuve, et séparés de la mer par les Flamands, Flaemings, et les Frisons, deux peuples avec lesquels leur alliance était étroite (2)[2]. Là, ils ne trouvèrent sous leurs pas que des races extrêmement et de longue main germanisées (3)[3], et de ce fait uni à leur départ tardif des pays les plus

(1) Les généalogies héroïques qui nous ont été conservées, soit dans l’Edda, soit dans les annales compilées par des moines, soit dans les préambules des différents codes, constituent une des sources les plus importantes que l’on puisse consulter pour l’histoire germanique des plus anciennes époques. (Voir à ce sujet Grimm, W. Muller, Ellmuller, etc.) La forme des noms, l’ordre dans lequel ils sont placés, le nombre des aïeux donnés à Odin lui-même, enfin les traces d’allitération qui se retrouvent dans les compilations en prose sont autant de traits dignes d’être observés avec la plus extrême attention pour les résultats importants auxquels ils amènent. Je remarque surtout trois noms parmi les aïeux d’Odin, Suaf, Heremod et Géat ; ce sont autant de souvenirs ethniques se rapportant aux grandes dénominations nationales de Saka, d’Arya, et de Khéta. On en peut signaler encore deux autres, indiquant des mélanges qui certainement ont eu lieu: Hwala, Gall, et Funi, Fenn.

(2) Les Frisons s’étaient autrefois appelés Eotenas,_Eolan ou Jutæ, c’étaient des Jotuns germanisés. (Ettmuller, Beowulfslied, p. 36)

(3) Parmi celles qui l’étaient le moins, ou peut compter les Ubiens.


  1. (1) Les généalogies héroïques qui nous ont été conservées, soit dans l’Edda, soit dans les annales compilées par des moines, soit dans les préambules des différents codes, constituent une des sources les plus importantes que l’on puisse consulter pour l’histoire germanique des plus anciennes époques. (Voir à ce sujet Grimm, W. Muller, Ellmuller, etc.) La forme des noms, l’ordre dans lequel ils sont placés, le nombre des aïeux donnés à Odin lui-même, enfin les traces d’allitération qui se retrouvent dans les compilations en prose sont autant de traits dignes d’être observés avec la plus extrême attention pour les résultats importants auxquels ils amènent. Je remarque surtout trois noms parmi les aïeux d’Odin, Suaf, Heremod et Géat ; ce sont autant de souvenirs ethniques se rapportant aux grandes dénominations nationales de Saka, d’Arya, et de Khéta. On en peut signaler encore deux autres, indiquant des mélanges qui certainement ont eu lieu: Hwala, Gall, et Funi, Fenn.
  2. (2) Les Frisons s’étaient autrefois appelés Eotenas,_Eolan ou Jutæ, c’étaient des Jotuns germanisés. (Ettmuller, Beowulfslied, p. 36)
  3. (3) Parmi celles qui l’étaient le moins, ou peut compter les Ubiens. Mais l'élément celtique n’en avait pas moins été très fortement affaibli chez cette nation par les mélanges d’autre nature qu’avaient apportés les Romains. (Dieffenbach, Celtica I, p. 68.) Les Sicambres, dont le nom joue un rôle dans nos premières annales, étaient nécessairement germanisés à un très haut point, leur situation géographique le voulant ainsi. Cependant leur nom est celtique et rappelle celui des Segobrigi, nation qui très anciennement était connue de la colonie phocéenne de Marseille. Ce nom parait signifier les illustres Ambres ou Kymris.