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C’étaient, comme je viens de le dire, et en première ligne, les Goths, arrivés en masse de tous les coins de leurs possessions, d’où les expulsait la puissante d’Attila, appuyée plus encore sur des races arianes ou arianisées que sur ses hordes mongoles (1)[1]. L’empire des Amalungs, la domination d’Hermanarik, s’étaient écroulés sous ces assauts terribles. Leur gouvernement, plus régulier, plus fort que celui des autres races germaniques (2)[2], et qui reproduisait sans doute les mêmes formes en s’appuyant sur les mêmes principes que celui de l’antique Asgard, n’avait pu les sauver d’une ruine inévitable. Cependant ils avaient fait des prodiges de valeur. Tout vaincus qu’ils étaient, ils avaient conservé leur grandeur entière ; leurs rois ne dégénéraient pas de la souche divine à laquelle remontait leur maison, non plus que du nom brillant qu’elle leur valait, les Amâls, les Célestes, les Purs (3)[3] ; enfin, la suprématie de la famille gothique était, en quelque sorte, avouée parmi les nations germaines, car elle éclate dans toutes les pages de l’Edda, et ce livre, compilé en Islande d’après des chants et des récits norwégiens, célèbre principalement le Visigoth Théodorik. Ces honneurs extraordinaires étaient

(1) M. Amédée Thierry, dans ses travaux sur le Ve siècle, est entré, le premier, dans une voie qui jette des lueurs toutes nouvelles sur les faits politiques de ces époques. On ne saurait trop louer la méthode employée par cet écrivain pour étudier et juger l’action d’Attila. — Schaffarik, Slaw. Alterth., t. I, p. 124. — La grande migration fut surtout composée des Vandales, des Suèves et des Alains, quant aux masses envahissantes, mais non pas quant à la direction qui leur était donnée. (Munch, p. 40.)

(2) C’est à Tacite qu’on doit cette remarque.

(3) Strahlenberg {Der nœrdl. u. oestl. Theil Europas u. Asiens, p. 104) avait déjà remarqué que les Visigolhs appelaient le ciel amal. — Schlegel Ind. Biblioth., t. 1, p. 233) a fait observer, après lui, que le mot amala, qui en gothique signifle pur, sans tache, a exactement le même sens en sanscrit. — Les Amala, en anglo-saxon, Amalunga, dans le Nibelungenlied, Atnalungen, les Amalungs descendaient de Géat ou Khéta. Suivant W. Muller (Alt. deutsche Religion, p. 297), Géat est un surnom d’Odin. Je suis plutôt porté à voir dans ce nom une forme antique du nom national des Goths, comme Séaf est une forme de Saka. (Voir une note précédente.) Les Amalungs descendaient ainsi de la plus pure souche ariane.


  1. (1) M. Amédée Thierry, dans ses travaux sur le Ve siècle, est entré, le premier, dans une voie qui jette des lueurs toutes nouvelles sur les faits politiques de ces époques. On ne saurait trop louer la méthode employée par cet écrivain pour étudier et juger l’action d’Attila. — Schaffarik, Slaw. Alterth., t. I, p. 124. — La grande migration fut surtout composée des Vandales, des Suèves et des Alains, quant aux masses envahissantes, mais non pas quant à la direction qui leur était donnée. (Munch, p. 40.)
  2. (2) C’est à Tacite qu’on doit cette remarque.
  3. (3) Strahlenberg {Der nœrdl. u. oestl. Theil Europas u. Asiens, p. 104) avait déjà remarqué que les Visigolhs appelaient le ciel amal. — Schlegel Ind. Biblioth., t. 1, p. 233) a fait observer, après lui, que le mot amala, qui en gothique signifle pur, sans tache, a exactement le même sens en sanscrit. — Les Amala, en anglo-saxon, Amalunga, dans le Nibelungenlied, Atnalungen, les Amalungs descendaient de Géat ou Khéta. Suivant W. Muller (Alt. deutsche Religion, p. 297), Géat est un surnom d’Odin. Je suis plutôt porté à voir dans ce nom une forme antique du nom national des Goths, comme Séaf est une forme de Saka. (Voir une note précédente.) Les Amalungs descendaient ainsi de la plus pure souche ariane.