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quelque chose de germanique. C’est donc à leur propos qu’il faut s’enquérir de ce que signifie ce nom glorieux, que j’ai déjà employé en attendant l’occasion vraie de l’expliquer.

Puisque les gens d’Arioviste n’étaient pas un peuple et ne constituaient qu’une troupe en expédition, voyageant, suivant l’usage des nations arianes, avec ses femmes, ses enfants et ses biens, ils n’avaient pas lieu de se parer d’un nom national  ; peut-être même, comme il arriva souvent depuis à leurs congénères, s’étaient-ils recrutés dans bien des tribus différentes. Ainsi privés d’un nom collectif, que pouvaient-ils répondre aux Gaulois qui leur demandaient : Qui étes-vous ? Des guerriers, répliquaient-ils nécessairement, des hommes honorables, des nobles, des Arimanni, Heermanni, et suivant la prononciation kymrique, des Germanni. C’était en effet la dénomination générale et commune qu’ils donnaient à tous les champions de naissance libre (1)[1]. Les noms synonymes de Saka, de Khéta, d’Arian, avaient cessé de désigner, comme autrefois, l’ensemble de leurs nations  ; certaines branches particulières et quelques tribus se les appliquaient exclusivement (2)[2]. Mais partout, comme dans l’Inde et la Perse, ce nom, dans une de ses expressions, et plus généralement dans celle d’Arian, continuait à s’appliquer à la classe la plus nombreuse de la société ou à la plus prépondérante. L’Arian chez les Scandinaves, c’était donc le chef de famille, le guerrier par excellence, ce que nous appellerions le citoyen. Quant au chef de l’expédition

(1) Savigny, D. Rœmische Recht im Mittelalter, t. 1, p. i93. — Jusqu’aux IXe et Xe siècles on a dit indifféremment Germanus et Arimannus, pour indiquer un homme libre parmi les populations germaniques de l'Italie. (Ibidem, p. 166.) Il y en a même des exemples au XIIe siècle. On appelait alors Arimannia l’ensemble des hommes libres d’une même circonscription et aussi la propriété libre d’un ariman. (Ibid., 170-171.)

(2) Outre les Oses Sarmates, qui habitaient encore la Pannonie, mais fort dégénérés et tributaires d’autres Sarmates et des Quades germaniques, on avait les Osyles dans la Baltique ; c’étaient des Roxolans d’origine. (Munch, p. 31.) On avait ainsi des Arii germaniques au delà de la Vistule (Tac, 43), des Guttes, des Chattes, des Gutones, etc, etc. Pline, Strabon, Ptolémée et Méla donneraient, au besoin, tous les éléments d’une longue liste.


  1. (1) Savigny, D. Rœmische Recht im Mittelalter, t. 1, p. i93. — Jusqu’aux IXe et Xe siècles on a dit indifféremment Germanus et Arimannus, pour indiquer un homme libre parmi les populations germaniques de l'Italie. (Ibidem, p. 166.) Il y en a même des exemples au XIIe siècle. On appelait alors Arimannia l’ensemble des hommes libres d’une même circonscription et aussi la propriété libre d’un ariman. (Ibid., 170-171.)
  2. (2) Outre les Oses Sarmates, qui habitaient encore la Pannonie, mais fort dégénérés et tributaires d’autres Sarmates et des Quades germaniques, on avait les Osyles dans la Baltique ; c’étaient des Roxolans d’origine. (Munch, p. 31.) On avait ainsi des Arii germaniques au delà de la Vistule (Tac, 43), des Guttes, des Chattes, des Gutones, etc, etc. Pline, Strabon, Ptolémée et Méla donneraient, au besoin, tous les éléments d’une longue liste.