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déjà que le premier, celui qui avait créé les Belges de seconde formation. Il en résulta trois grandes conséquences, dont les Romains éprouvèrent les contre-coups. Je viens d’en citer une : ce fut la convulsion cimbrique. La seconde, en donnant pied aux Scandinaves de la Norwège sur la rive méridionale du Sund, fit arriver dans le nord de l’Allemagne, et peu à peu jusqu’au Rhin, des peuples nouveaux, de race mixte, plus arianisés que les Belges, pour la plupart, car ils apportèrent des dénominations nationales nouvelles au sein des masses celtiques qu’ils conquirent. Le troisième effet fut d’amener, au Ier siècle avant Jésus-Christ, jusqu’au centre de la Gaule, une conquête germanique bien caractérisée, bien nette, celle dont Arioviste se montra le seul meneur apparent. Ces deux derniers faits demandent quelque attention, et, nous occupant d’abord du premier, remarquons à quel point le dictateur connaît peu les nations transrhénanes de son temps. Ce ne sont plus pour lui, comme jadis pour Aristote, des populations kymriques, mais des groupes parlant une langue toute particulière, et que leur mérite, dont il a pu juger par expérience personnelle, rend fort supérieurs à la dégénération où sont en proie les Gaulois contemporains. La nomenclature donnée par lui de ces familles, si dignes d’intérêt, n’est pas plus riche que les détails qu’il rapporte sur leurs mœurs. Il n’en connaît et n’en cite que quelques tribus ; et encore si les Trévires et les Nerviens se déclarent Germains d’origine, comme ils en avaient le droit jusqu’à un certain point, il les range non moins légitimement parmi les Belges. Les Boïens vaincus avec les Helvètes sont à ses yeux demi-germains, mais d’une autre façon que les Rèmes ; et il n’a pas tort. Les Suèves, malgré l’origine celtique de leur nom, lui semblent pouvoir être comparés aux guerriers d'Arioviste (1)[1]. Enfin, il met absolument dans cette dernière catégorie d’autres bandes, également originaires d’outre-Rhin,

(1) Les Suèves avaient une très grande réputation parmi les métis germaniques. Ils n’étaient cependant pas de race pure. Leur organisation politique était celle des Kymris, leur religion était druidique. Ils habitaient des villes, ce que ne faisait aucune nation scandinave ou gothique ; ils cultivaient même la terre, au dire de César.


  1. (1) Les Suèves avaient une très grande réputation parmi les métis germaniques. Ils n’étaient cependant pas de race pure. Leur organisation politique était celle des Kymris, leur religion était druidique. Ils habitaient des villes, ce que ne faisait aucune nation scandinave ou gothique ; ils cultivaient même la terre, au dire de César.