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et la ville qui s’élève sur ses bords, Kônigsberg (1)[1]. Les Guttons s’étendaient alors très peu vers l’ouest  ; jusqu’à l’Elbe, le pays était partagé entre des communes slaves et des nations celtiques (2)[2]. En deçà du fleuve, jusqu’au Rhin d’une part, jusqu’au Danube de l’autre, et par delà ces deux cours d’eau, les kymris régnaient à peu près seuls. Mais il n’était pas possible que les Sakas de la Norwège, que les Khétas de la Suède, des îles et du continent, avec leur esprit d’entreprise, leur courage et le mauvais lot territorial qui leur était échu, laissassent bien longtemps les deux amas de métis blancs qui bordaient leurs frontières en possession tranquille d’une isonomie qui n’était pas trop difficile à troubler.

Deux directions s’ouvraient à l’activité des groupes arians du nord. Pour la branche gothique, la façon la plus naturelle de procéder, c’était d’agir sur le sud-est et le sud, d’attaquer de nouveau les provinces qui avaient fait anciennement partie du Gardarike et les contrées où antérieurement encore tant de tribus arianes de toutes dénominations étaient venues commander aux Slaves et aux Finnois et avaient subi l’inévitable dépréciation qu’amènent les mélanges. Pour les Scandinaves, au contraire, la pente géographique était de s’avancer dans le sud et l’ouest, d’envahir le Danemark, encore kymrique, puis les terres inconnues de l’Allemagne centrale et occidentale, puis les Pays-Bas, puis la Gaule. Ni les Goths ni les Scandinaves ne manquèrent aux avances de la fortune (3)[3].

(1) Pythias, Ptolémée, Mêla et Pline ont montre les Goths tendant vers la Vistule. Ce fut longtemps leur frontière. Ils touchaient là à des peuples arians qu’on nommait les Scytho-Sarmates, et qui, bien que de même souche qu’eux, faisaient partie d’un autre groupe d’invasion. (Munch, 36-37, 52-53.)

(2) Munch, loc. cit., 31.

(3) Cette séparation des premières nations véritablement germaniques en Scandinaves et en Goths me parait commandée par les faits, et je la préfère aux traditions généalogiques que nous ont conservées Tacite et Pline. Celles-ci font descendre les races du Nord d’un homme-type, appelé Tuisto, et de ses trois fils, Istsewo, Irmino et Ingævo. Tout prouve que ce mythe n’a jamais existé dans les pays purement germaniques, et s’est développé surtout dans l’Allemagne centrale et méridionale. Il paraît donc être d’origine celtique, bien qu’il ait été

  1. (1) Pythias, Ptolémée, Mêla et Pline ont montre les Goths tendant vers la Vistule. Ce fut longtemps leur frontière. Ils touchaient là à des peuples arians qu’on nommait les Scytho-Sarmates, et qui, bien que de même souche qu’eux, faisaient partie d’un autre groupe d’invasion. (Munch, 36-37, 52-53.)
  2. (2) Munch, loc. cit., 31.
  3. (3) Cette séparation des premières nations véritablement germaniques en Scandinaves et en Goths me parait commandée par les faits, et je la préfère aux traditions généalogiques que nous ont conservées Tacite et Pline. Celles-ci font descendre les races du Nord d’un homme-type, appelé Tuisto, et de ses trois fils, Istsewo, Irmino et Ingævo. Tout prouve que ce mythe n’a jamais existé dans les pays purement germaniques, et s’est développé surtout dans l’Allemagne centrale et méridionale. Il paraît donc être d’origine celtique, bien qu’il ait été adopté et peut-être modifié dans quelques parties par les Germains métis. Les efforts de W. Muller pour retrouver dans les noms de Tuisto, d’Ingaevo, d’Irmino et d’Istaevo des surnoms de dieux Scandinaves ne sont pas certainement très heureux. (Altdeutsche Religion, p. 292 et seqq.) — Comme exemple des changements que cette tradition a subis dans le cours des temps, on peut présenter te tableau donné par Nemnius (éd. Gunn, p. 53-34), où, au lieu de Tuisto, dans lequel on ne peut, en tout cas, reconnaître que Teut, transformé en éponyme de la race celtique, le chroniqueur donne Alanus, et quant aux noms des trois héros fils de cet Alanus, il les écrit Hisicion, Armenon et Neugio.