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d’elles les multitudes sémitiques, tatares et slaves. Loin de dégénérer, elles ont contribué, dans la proportion où leur sang s’est mêlé à celui des Osmanlis et des Persans, à réchauffer ces races. Il ne faut pas oublier non plus les hommes éminents qu’elles ont fournis à l’empire turc, ni la puissante et romanesque domination des beys circassiens en Égypte.

Il serait ici hors de place de prétendre suivre dans le détail les innombrables mouvements des groupes sarmates vers l’occident de l’Europe. Quelques-unes de ces migrations, comme celle des Limigantes, s’en allèrent disputer la Pologne à des noblesses celtiques, et, sur leur asservissement, fondèrent des États qui, parmi leurs villes principales, ont compté Bersovia, la Varsovie moderne. D’autres, les Iazyges, conquirent la Pannonie orientale, malgré les efforts des anciens vainqueurs de race thrace ou kymrique, qui déjà y dominaient les masses slaves. Ces invasions et bien d’autres n’intéressent que des histoires spéciales[1]. Elles ne furent pas exécutées sur une assez grande échelle ni avec des forces suffisantes pour affecter d’une manière durable la valeur active des groupes subjugués. Il n’en est pas de même du mouvement qu’une vaste association de tribus de la même famille, issues de la grande branche des Alains, Alani, peut-être, plus primitivement, Arani ou Arians, et portant pour nom fédératif celui de Roxolans[2], opéra du côté des sources de la Dwina, dans les contrées arrosées par le Wolga et le Dnieper, en un mot dans la Russie

  1. Schaffarik reconnaît quelques faibles restes d’une tribu de Sarmates Iazyges dans la population aujourd’hui clairsemée sur la rive gauche de la Pialassa. Ils sont d’une carnation très brune, s’habillent de noir, et conservent des usages différents de ceux des races qui les entourent. Ils parlent le russe blanc, mais avec un accent lithuanien. Ils sont nommés par les gens du pays Iatwjèses ou Iodwezaj. C’est une formation de métis tout à fait tombés. (Schaff., Slawische Alterth., t. I, p. 338, 340, 343, 349.)
  2. Munch (Det Norske Folk Historie (traduct. allem.), p. 63) cherche assez péniblement à établir l’étymologie de ce mot. Il veut que, de même que les Allemands sont appelés par les Slaves Njemzi, muets, parce qu’on ne comprend pas ce qu’ils disent, ces mêmes Slaves, mieux instruits du langage des Sarmates, leur aient donné le nom de Ruotslaine, Rootslaine, de la racine rot, le peuple de ceux qui parlent.