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mœurs toutes semblables à celles des Sakas, leurs cousins et leurs antagonistes principaux. Revêtus de l’équipage héroïque des champions du Schahnameh, leurs guerriers ressemblaient assez bien déjà à ces paladins du moyen âge germanique, dont ils étaient les lointains ancêtres. Un casque de métal sur le front, sur le corps une armure écailleuse de plaques de cuivre ou de corne, ajustées en manière de peau de dragon, l’épée au côté, l’arc et le carquois au dos, à la main une lance démesurément longue et pesante[1], ils cheminaient à travers les soli-


    autochtones, les déclarait les derniers nés de tous les peuples de la terre et leur donnait une antiquité de quinze cents ans environ avant J.-C. (Livre IV, 5.) La seconde, fournie par les Grecs du Pont, les faisant descendre d’Hercule et d’une nymphe du pays, ne leur assigne que treize cents et quelques années avant notre ère. (Livre IV, 8.) La troisième, due à Aristée de Proconnèse, qui l’avait rapportée de ses voyages dans l’Asie centrale, n’a rien de mythique, et fait simplement venir les Scythes de l’est, d’où ils avaient été chassés par les Issédons, fuyant à leur tour devant les Arimaspes. Il ne serait nullement difficile de montrer le point de concordance de ces trois manières d’envisager le même fait. Quant à la formation des peuples sarmates, nés des Scythes et des Amazones, je l’ai déjà indiquée. Ils parlaient un dialecte arian, différent de celui des Skolotes. (Livre IV, 17.) Pline, Pomponius Mela et Ammien Marcellin font les Sarmates beaucoup plus jeunes que je ne crois devoir l’admettre ici avec Hérodote. Ils supposent que les premiers groupes de leurs tribus furent établis sur le Don par les Scythes, au retour de l’expédition de ces derniers en Asie, vers la fin du VIIe siècle avant notre ère. Au fond, de telles questions sont peu réelles : 1° parce que les Sarmates ne sont qu’une simple variété des Sakas ; 2° parce que leurs nations, venant de l’est, dans la direction du Touran, se succédèrent à des époques très rapprochées, et qu’il n’y a pas lieu d’en choisir une à l’exclusion des autres pour servir aux éphémérides.

  1. Ces détails de costume et d’armement se trouvent dans les écrivains romains et grecs qui ont parlé des Sarmates avec détail. Quant à l’équipement général des autres peuples de la même famille, on a vu plus haut que le Ramayana attribuait aux Sakas des armures d’or, de lourdes haches et de longues épées. Hérodote, en parfait accord avec ce livre, montre les Massagétes avec des baudriers, des cuirasses et des casques revêtus d’or, et employant le cuivre à forger les pointes de leurs lances, de leurs javelots et de leurs flèches. (Hérodote, II, 215.) — Dans l’expédition de Xerxès, les Arians Perses avaient des cuirasses de fer travaillées en écailles de poisson. (Hérodote, VII, 61.) Cette coutume, dit l’historien, avait été empruntée aux