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Ce point établi, suivons maintenant dans les phases ascendantes de leur histoire les tribus les mieux prédestinées de cette agglomération de maîtres que la Providence amenait graduellement au milieu des peuples de l’ancien monde, et, d’abord, des Slaves.

Il se trouvait parmi elles une branche particulière et fort étendue de nations d’essence très pure, du moins au moment où elles arrivèrent en Europe. Cette circonstance importante est garantie par les documents ; je parle des Sarmates. Ils descendaient, disaient les Grecs du Pont, d’une alliance entre les Sakas et les Amazones, autrement dit, les mères des Ases ou des Arians[1]. Les Sarmates, comme tous les autres peuples de leur famille, se reconnaissent des frères dans les contrées les plus distantes. Plusieurs de leurs nations habitaient au nord de la Paropamise, tandis que d’autres, connues des géographes du Céleste Empire sous les noms de Suth, Suthle, Alasma et Jan-thsaï, vinrent, au IIe siècle avant Jésus-Christ, occuper certains cantons orientaux de la Caspienne[2]. Les Iraniens se mesurèrent maintes fois avec ces essaims de guerriers, et la crainte excessive qu’ils avaient de leur opiniâtreté martiale s’était perpétuée dans les traditions bactriennes et sogdes. C’est de là que Firdousi les a fait passer dans son poème[3].

Ces vigoureuses populations, arrivées en Europe, pour la première fois, un millier d’années avant notre ère, pas davantage[4], avaient mis le pied dans le monde occidental avec des

  1. Le mot mère est, en sanscrit, âmaba. Il s’agit ici d’une forme dialectique plus courte.
  2. Voir Tome Ier.
  3. Les trois fils de Féridoun sont Iredj, Tour et Khawer. Ce sont les personnifications des trois rameaux blancs de la Perse, de l’Iran, proprement dit, puis de l’intérieur de l’Asie, puis des contrées occidentales du monde. La parenté de ces trois groupes est ainsi rigoureusement reconnue. On ne manquera pas de retrouver dans la forme Khawer une transcription toute naturelle de l’antique expression de Yavana. C’est un témoignage de plus de l’antiquité des renseignements dont s’est servi Firdousi. (Voir tome Ier. — Schaffarik, Slawische Alterth., t. I, p. 350-351.)
  4. Hérodote fournit trois traditions sur l’origine des Scythes et une sur celle des Sarmates. La première, considérant les Scythes comme